Cavalier

Tom Brosseau

par Jérôme Florio le 17/09/2008

Note: 8.0    

"Cavalier" est le deuxième disque de Tom Brosseau à arriver jusque chez nous : ce prolifique songwriter est signé pour l'Europe chez FatCat Records, label qui avait sorti en 2006 "Empty houses are lonely" (une sélection d'enregistrements depuis 2002). Bien que disparate, c'était une bonne introduction à l'univers de ce baladin folk mélancolique et sensible, à la voix d'une extrême délicatesse. On peut maintenant le juger sur une collection homogène de chansons, dont le charme opère à chaque écoute.

Le disque est produit par John Parish (artiste solo et collaborateur régulier de PJ Harvey). Loin d'apposer son CV de producteur sur "Cavalier", Parish reste au plus près des fondamentaux : la guitare et la voix de Tom Brosseau, avec parfois un instrument supplémentaire (la guitare slide sur "Commited to memory", le piano à la fin de "My heart belongs to the sea"). Tout au plus pourrait-on reconnaître sa patte dans l'effet très légèrement saturé sur la voix ("Commited to memory" encore). Pour le reste, Brosseau est capté au plus près du micro, et semble nous chuchoter directement à l'oreille. Les compositions, fortement ancrées dans le terreau folk-blues américain, ne brillent pas par leur originalité ; mais on entend rarement un classicisme porté avec une élégance si naturelle. Tout coule de source, pour établir un contact direct et franc avec l'auditeur. La voix de Tom y est pour beaucoup, un roucoulement à la frontière des genres, qui ne sonne pas androgyne pour autant. De même, on voit mal qui peut aujourd'hui se permettre une chanson comme "Kiss my lips", au romantisme si poignant et intemporel que l'on imagine Marilyn Monroe la chanter dans "La rivière sans retour" – faites-la écouter à votre copine, elle vous réclamera un slow langoureux.

L'écriture de Tom Brosseau brille de qualités peu tapageuses : chansons à la trame solidement éprouvée, interprétation talentueuse et sincère. Son "Cavalier" dame le pion à l'immense majorité des chansonniers folk, et peut faire chavirer bien des reines.


TOM BROSSEAU Committed to memory (Live Oyster Bar - New York Grand Central 2007)