Posthumous success

Tom Brosseau

par Jérôme Florio le 07/08/2009

Note: 7.5    

L'élégant songwriter originaire de Grand Forks (Dakota du Nord) a choisi de ne plus faire "Cavalier" seul - titre de son précédent disque produit par John Parish (2007). Plus étoffé, volontairement dispersé et moins centré sur l'intime, c'est un nouveau Tom Brosseau qui se présente à nous.

"Favorite color blue" nous accueille d'abord en terrain connu : voix haut perchée mélodieuse et transgenre, picking très délicat. Un trait d'humour bizarre fait partir la chanson un peu ailleurs, la relation d'un rêve avec Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters), séquestré et doté du rire de Vincent Price... Le groupe entre en scène dès "Been true", et semble se plaquer sur le picking de Brosseau. La mayonnaise ne prend pas vraiment, mais cela s'améliore par la suite avec les carrées "Big time" et surtout "New heights". C'est quand Tom met en sourdine son côté le plus féminin, sur "You don't know my friends", qu'il surprend le plus : un son sale, pas naturel, fouillis, comme si sa musique habituée à l'air pur des parcs naturels se cognait la tête contre des murs de béton. Cette approche, impulsée par les producteurs Ethan Rose et Adam Pierce, trouble l'eau naturellement claire des compositions de Brosseau. On aurait bien aimé en entendre davantage dans cette veine, mais l'Américain ne semble pas partant pour se faire violence : la clarté reprend ses droits sur un "Boothill" tout en vocalises et pedal-steel effleurée, qui suffisent à planter un décor d'Eldorado, comme plus loin sur les instrumentaux "Chandler" et "Youth decay". La deuxième moitié du disque n'est pas déplaisante mais ne recèle plus de surprises.  

Le dernier titre, réarrangement électro mou de "Favorite color blue", ferme la boucle et peut sembler superflu : une manière d'enfoncer le clou, de signifier qu'une page se tourne. C'est peut-être le sens le plus juste, pas du tout ironique ni désabusé, de "Posthumous success".



TOM BROSSEAU Big time (Clip 2009)