Stardancer

Tom Rapp

par Damien Berdot le 02/08/2009

Note: 6.7    
Morceaux qui Tuent
Fourth day of july
Stardancer


Le premier des deux albums que Tom Rapp enregistra pour Blue Thumb Records peut être considéré comme son premier véritable album solo, le précédent ("Familiar songs") ne se composant que de démos assemblées par Reprise, le label qu'il venait de quitter. "Stardancer" souffre pourtant d'une relative impersonnalité, imputable en grande partie aux arrangements nashvilliens : les meilleurs instrumentistes (dont Charlie McCoy) y ont mis la main, mais la musique de Rapp s'accommode assez mal d'un tel lustre. Une cause, deux effets : l'album suivant, "Sunforest", enregistré avec les mêmes musiciens, aura des couleurs plus proches de celles du folk psyché initial.

"Stardancer", quoiqu'inégal, contient de bonnes chansons. Les plus caractéristiques sans doute : "Fourth day of july", un hymne anti-militariste qui circula en son temps sur les campus américains et qui conjugue la protest song avec des traits psychédéliques (accords de douze cordes déformés par le phasing, choeurs barrés et percussions en liberté), ainsi que la chanson-titre, avec ses cloches et ses voix déchirantes noyées d'échos. Une très belle chanson, narrant la perte sur fond d'espace : "When my father went to space / I wake up one morning and he was gone". "For the dead in space" traite du même sujet ("My life is like the young men / Dead in space...") : ballade pianistique qui pourrait évoquer Dylan (d'autant que Rapp gémit de façon étonnamment similaire) si elle n'était coupée au niveau du pont par le passage inattendu d'un rythme binaire à un rythme ternaire. Coda parsemée de bruitages, de pizzicati... Rapp tient sa réputation !

D'autres chansons, à cet égard, méritent le détour. "The baptist" est une ballade country somme toute classique (il faut bien illustrer l'ancrage nashvillien de cet album !), l'histoire d'un prêcheur baptiste faiseur de miracles ; mais l'espèce de panthéisme qui émane des éléments (désert, rivière, nuages lumineux) et la voix de Rapp lui donnent une ampleur cosmique. "Les ans", comme son nom l'indique, est écrite en français. Il y a des barbarismes, Rapp chante avec un accent mal dissimulé par les marmonnements... Et pourtant, ce chant, accompagné d'un seul quatuor à cordes, touche. Dans les chansons les plus légères de l'album (certaines ont basse chaloupée et sifflements !), on trouve toujours des paroles saillantes : "When the day breaks / And the pieces fall on you...". Bref, la fadeur ne menace jamais vraiment Tom Rapp !



TOM RAPP For the dead in space (Extrait Audio)