Rebuilding Panaleone's tree

Urkuma

par Hugo Catherine le 11/11/2006

Note: 7.0    
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Attention micro-travaux ! Dès "Ex Jonath Donis", Urkuma nous oblige à tendre l'oreille pour percevoir ses manipulations mécanico-chimiques de faible intensité. "Rebuilding Panaleone's tree" s'apparente à une expérimentation scientifique sonore de rat de laboratoire, à destination de rats de discothèques : hormis quelques grattages de guitare, très éparpillés, il faut compter sur des éjections gazeuses, des couinements tuyautés ou encore des roulis mécaniques. Ainsi "Olifante" travaille sur des souffles en forme d'ondes sorties d'usines et "Retour en arrière" nous met face à un bruyant mécanisme à poulies.

Le principal intérêt de cet album réside peut-être dans la capacité d'Urkuma à nous envoyer au fin fond d'une machinerie de toute petite échelle. Son minimalisme fourtiqueur distille une micro-ambiance, une forme de nano-musique. Entre mini-acoustique et électronique en mode epsilon, nous passons des bruitages hésitants, suintants et feutrés (Achmed Giedik") aux respirations continues, sans pulsations nettes, musique atonale et hypnotisante ("Abraxas"), jusqu'aux vrombissements sombres, sans espoir ("Bestiare").

L'album constitue une invitation à se perdre dans la totalité d'un indéfini – parasites sans but, signaux chargés de non-sens, voix étrangères – et certains choix esthétiques seront réservés aux plus curieux d'entre nous ; "Panta Nifta Scotini" se concentre ainsi sur des sons aqueux plutôt arides, sûrement de chasse d'eau ; "Confusio Liguarum", plutôt confus en effet, tourne autour de chouinements et d'infrabasses sourdes et lourdes, oreille gauche, puis oreille droite.

Versant bruitiste d'un label à l'electronica toujours fourmillante, "Rebuilding Panaleone's tree" d'Urkuma, à la qualité acoustique irréprochable, intriguera surtout les oreilles les plus distinguées. Parfois jeté tel une vulgaire pincée de sel dans des univers post-fin de monde, l'auditeur entre audiblement dans le champ de la terreur de poche. Peu pourront s'aventurer dans une promenade en solitaire dans le monde infra-physique et/ou chimique d'Urkuma. Rien de mieux pourtant pour prendre la mesure de notre condition humaine microscopique.