Soul kiss

Vic Moan

par Guillaume Cordier le 22/03/2000

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
A different world


Faites l'amour en écoutant ce disque. Le ton est donné, légèrement provocateur, insouciant, désabusé aussi quand l'amour, sujet fédérateur de la majorité des chansons, n'est plus partagé ou vient pointer l'égoïsme moderne. Vic Moan, américain émigré à Paris, ici entouré de quatre musiciens français, travaille son style, poétique et symbolique ("Dry land" entre autre), et de sa voix proche d'un Brian Ferry, forte et modulée, entraîne l'auditeur dans son univers étrangement familier. Tour à tour langoureuses et rythmées, péchant l'énergie, la chaleur et la nostalgie, dans le jazz, le ska ou la musique sud-américaine, pour créer un rock hybride, ces dix chansons sont techniquement parfaites, et font preuve d'un éclectisme réjouissant. Bonheur aussi que la variété harmonieuse des instruments : violoncelle, mandoline électrique, trombone, percussions en plus du trio classique guitare (solos virtuoses), basse (très efficace) et batterie. Humeur bucolique, chants rêveurs, décalés, voire absurdes, réponses ingénieuses entre chacun des instruments, mariage insoupçonné pour une musique qui surprend par sa singularité. On peut cependant noter parfois une légère baisse de régime, lorsque le groupe reprend à bon compte les mêmes recettes ou ne réussit pas à éviter l'écueil d'une virtuosité démonstrative, au détriment de l'inspiration. De très belles chansons néanmoins, Vic Moan a le sens de la mélodie irrésistible, et une voix vraiment étonnante.