Walrus

Walrus

par Francois Branchon le 15/10/2008

Note: 7.5    

La réédition de l'unique album du groupe anglais Walrus ("Walrus" 1970) donne l'occasion de parler des beautiful seventies et de leurs mythiques maisons de disques... Ainsi le label Deram, branche "progressivo-psychédélico-underground" de l'antidéluvienne compagnie Decca. A l'instar des autres grosses boites, Decca signe à tour de bras dès l'année 67, mais sans aucun sens critique ni vue artistique : des futurs "notables", Caravan, Ten Years After, Keef Hartley, Moody Blues, Savoy Brown... comme d'autres, qui n'allaient jamais le devenir, Egg, Ashkan, Galliard, Denny Gerrard ou Bill Fay... et pourtant !
Écoutons Bill Fay filer la métaphore sur la politique éditoriale de Deram : "Ils n'avaient aucune idée pour promotionner des artistes comme moi. En fait, ils considéraient les groupes comme des paquets de boue musicale. Ils les balançaient contre un mur et regardaient ce qui se passait. Les malheureux qui n'avaient pas la chance de rester collés et qui (commercialement) tombaient au sol pouvaient faire une croix sur leur promotion, et a fortiori sur un deuxième album. J'étais un de ceux-ci, un minable tombé au sol".

Walrus aussi, fut du nombre des "tombés du mur" de chez Deram. Important la structure en vogue aux Usa de groupe de rock à section de cuivres pratiquant la fusion rock et jazz (Blood, Sweat & Tears, Chicago, Rhinoceros...), Walrus sont huit : trois cuivres, un clavier, une rythmique et un chanteur. Un single parait en 1970, "Who can i trust" / "Tomorrow never comes", titres très cuivrés, où le chanteur Noel Greenaway s'impose plutôt bien, sans paraître forcer. Chance, malgré l'échec commercial, Deram est suffisamment bluffé pour financer un album qui parait en décembre 1970 (avec la pochette signée David Anstey), toujours dans le même esprit, avec notamment une reprise de "Coloured rain" de Traffic. Un album dans la veine progressive rock jazz qu'explorera un peu plus tard (avec succès cette fois) le groupe Colosseum. Morceaux charpentés et travaillés (sans être chiants), gros cuivres, vocaux déterminés, jamais larmoyants.
Malgré de bons concerts et critiques, le disque ne se vend pas. Deram avait gardé un titre de ces sessions pour un autre single qui parait en 1971, sans plus de succès.

Walrus est viré et splitte en 1972. Aucun des membres ne continuera, à l'exception de Ian Mosley, batteur dans la dernière formation, qui rejoindra Darryl Way's Wolf puis formera Marillion.

NB : Le groupe rock-soul Walrus, sorti en 1972 aux Usa sur le label Janus, n'a rien à voir.