Evasion

Werner Kitzmüller

par Hugo Catherine le 30/07/2013

Note: 7.0    
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Entre la boite à musique mécanique et la grosse machine à sons, Werner Kitzmüller maintient sa musique en équilibre constant. Il nous donne à entendre des bruits de roulis, de clochettes, de voix nous racontant des histoires en allemand, mais nous donnant aussi à écouter des nappes grinçantes, des bruits denses assez noisy. Et puis, une cadence abstract hip hop prend le dessus, et surgit un entremêlement mélodique improbable. L'album se veut évasion, les morceaux revêtant d'abord les habits d'une electronica évocatrice puis surtout d'une musique folk sombre et pénétrée. En effet, dès la deuxième piste "Meter", une voix caverneuse répond à un balancement de guitare faussement bancal. Ensuite, l'album s'emplit tout entier d'une lourde nostalgie, de voix chancelantes, de chœurs tristes, de cris en perdition ; et le "good bye" de "Good" sonne comme un adieu : se dire au revoir est avant tout ici une souffrance.  

"Evasion" se rapproche alors d'une longue complainte spleen, à l'habillage de plus en plus vocal et acoustique. Si les voix ont alors la part belle, les chansons sont ponctuées de multiples événements sonores, du bruit de rue délicatement intempestif à la petite digression instrumentale. Dans cette veine, "Purple" est peut-être le morceau le plus abouti, distillant une mélancolie appuyée et contagieuse : une belle balade déprimée. Dans la foulée, "Where ‘s my love" vous achèvera et vous fera oublier toute humeur légère ; le spleen est à son paroxysme ; comme dans un rêve mélancolique, voix susurrées et petites clochettes trafiquées vous plombent tout bonheur de vivre. Pour les plus solides, "Remession" et ses airs de romantisme meurtri sera une bonne piqûre de rappel : bonjour tristesse !  

"Evasion" est certes triste mais bien espiègle aussi. De multiples petites trouvailles acoustiques parsèment l'album et le rendent, non seulement mélancolique, mais bien curieux. En cela, les balades autrichiennes de Werner Kitzmüller méritent plus qu'un simple détour : un séjour intimiste et crépusculaire.