Pieces in a modern style Vol.2

William Orbit

par Hugo Catherine le 03/08/2011

Note: 10.0    

"Pieces in a modern style Vol.2" est une totale réussite ; il nous est difficile de comprendre comment William Orbit évite aussi bien les écueils de la vulgarisation facile et de la simplification à outrance. Cuisiner des morceaux de musique classique à la sauce électro est kitsch, oui, mais, ici, cela est aussi plus céleste que lourdingue. Triturer à la boîte à rythmes des œuvres classiques comme "Peer Gynt" ou "Swan Lake" pourrait être une preuve certaine de mauvais goût pour beaucoup ; avec William Orbit, les oreilles faciles et curieuses constateront pourtant que l’hybridation croisée des musiques savantes et populaires est source de renouvellement de formes musicales. D’ailleurs, la force des œuvres classique ne réside-t-elle pas dans notre désir de toujours les redécouvrir ?
 
Sans saccager, William Orbit sait faire du basique avec du complexe, surligne les couleurs sans les rendre criardes. Le thème devient refrain, la mesure pulsation. Les écarts de fréquences sont accentués, les mélodies se font encore plus cristallines et les basses plus graves et lourdes. Efficace ? Oui. Grossier ? Pas tant que cela. William Orbit propose souvent une lecture légère d’une œuvre monumentale. Parfois à la limite de la mièvrerie, son interprétation simplificatrice est douce et délicate. Il troque la nuance subtile contre le crescendo techno. Et, miracle, cela fonctionne. Dans ses morceaux, il ne faut pas chercher l’émotion de l’interprétation classique mais l’excitation de la musique électronique. En ce sens, nous percevons des reflets de Jean Michel Jarre. Les morceaux conservent leur saveur, ne se laissent pas happer par le beat facile. Ce dernier nous parvient comme point d’orgue et non comme tempo systématique.
 
William Orbit n’est pas dans la quête du tube à bas coût, alors que le concept même de l’album pourrait le laisser penser. Radicalement différentes, musique classique et techno sont toutefois deux musiques du temps long plus que de l’instant. En cela, pour qui sait leur donner du temps, elles peuvent s’assembler sans trop se heurter.