Teatro

Willie Nelson

par Francois Branchon le 01/10/1998

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
The maker


Plus d'une centaine d'albums au compteur, 31 millions de disques vendus, légende vivante, le vieux cow-boy à nattes de sioux et look de Hell's Angel est beaucoup plus qu'un chanteur de musique "country", même si cette étiquette lui est par commodité collée dans le dos. Il ne s'arrête jamais, le poète triste, perpétuellement sur la route, de petite en grande ville, portant en bandoulière sa vieille guitare de 33 ans signée de ses amis. Il ne le veut et ne le peut probablement pas. Willie Nelson est un véritable monument national, plus proche du leader spirituel que du simple voyageur. Il fait partie du "pays américain", tant il semble capable d'en respirer l'essence, cette poussière des vieilles pistes comme ce "downbeat" profond, condensé des multiples influences qui ont forgé et forgent encore l'Amérique. Emmylou Harris, l'amie de toujours résume : "Il a une présence qui irradie, une aura. On le sent même lorsqu'il a quitté la pièce. Si vous voulez vous rendre compte de ce que je dis, allez le voir en concert. Les gens y sont comme à l'église, comme s'il remplissait les vides de leurs âmes". Ce nouvel album, constitué pour partie d'anciennes chansons revisitées, mélodies de troubadour à la beauté grave, chantées cœur et âme, sources de déluges émotionnels quand déboule "Home motel" ou lorsque Emmylou Harris le rejoint pour le duo poignant "I just can't let you say goodbye", atteint l'universel avec "The maker". A croire ceux qui se damneraient pour lui ( Neil Young, Sinead O'Connor, Bob Dylan, Johnny Cash, Kris Kristofferson ou Bono de U2...), Willie Nelson est "ailleurs", hors des genres. Daniel Lanois, expert multistyles (de Brian Eno à U2) a pris en main la production de "Teatro", réalisant un album ouvert sur le monde, sur les autres musiques, sur les autres cultures, une œuvre qui laisse la country basique très loin dans les choux. Play it again, Sam !