| | | par Sophie Chambon le 25/04/2001
| | |
| Dans ce "Resonant memories" (joli titre au demeurant), le pianiste connu pour son engagement free, se dévoue à la cause de standards : il reprend même le traditionnel "Greensleeves". On se sentirait presque inquiet, en porte-à-faux, si on en restait aux premiers titres. Cependant s'il revisite le plus tendrement qu'il peut ses amis de longue date, son attaque n'a pas perdu de sa vigueur. Son jeu repose sur une force jaillissante, dure dans la sonorité, une qualité percussive indéniable. Le feu sous la glace : l'austérité de la formule solo et du décorum imposé laissent cependant s'épanouir un généreux tempérament. Dans ce bouquet il insère des compositions personnelles où la fougue, la virtuosité, la rapidité de son phrasé s'imposent ("Interludes" et "Mont Semba"). Non seulement on reconnaît le pianiste à ses bondissements de fauve mais on aimerait qu'il continue à nous donner des pièces qui résonnent aussi largement, spectaculaires : glissandi, accords plaqués, emportements, poursuites dans tous les registres. Une version brillante de "Night in Tunisia", digne de la fougue d'un concertiste classique que suit sa propre composition au titre inspiré, "Brightness" confirme le contresens premier de cette reprise de standards. Il termine sur un boléro obsédant dont le rythme et la cadence naturelle ne pouvaient que convenir à sa tournoyante maîtrise. Un album donc un peu inégal dans les choix, on rejettera "I'm a fool to want you", au titre bien trouvé. Mais ce pourrait être une découverte de ce pianiste à la forte personnalité. Une initiation presque douce, qui fait traverser et dépasser les apparences conventionnelles d'un album consacré au piano solo.
|
|
|
