Simple things

Zero 7

par Martin Dekeyser le 19/11/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Simple things
Polaris
Destiny


Cinq mois d'attente environ et ce, à cause d'une bien piètre distribution semble-t-il. Il m'aura fallu tout ce temps, en effet, pour mettre la main sur le meilleur album de trip-hop cuvée 2001, Goldfrapp ayant décroché le même trophée l'année passée (j'attends avec impatience le prochain Dj Shadow prévu pour février 2002...). Zero 7 (nom d'un bar perdu au Honduras qui a visiblement laissé des souvenirs vivaces), duo londonien composé de Sam Hardaker et Henry Binns, débute en 1997 avec un remix de Radiohead ("Climbing up the walls"). Ils enchaînent avec divers autres remixes (Terry Callier, Lenny Kravitz, Doris Day, Lambchop, Neil Finn) avant de sortir un premier EP début 2000 fort remarqué par la presse anglaise. Comparés rapidement à Air, mêlant habilement une rythmique hip-hop ralentie à des traitements dub, leur premier album, "Simple things", contient de superbes orchestrations qui ne sont pas sans rappeler celles de John Barry ("Final theme"). Les voix soul langoureuses qui évitent heureusement pour nous le sirupeux de pas mal de productions actuelles sont signées Mozez et Sia Furler. Rien d'étonnant donc à ce que l'écoute d'"I have seen" ou "Destiny", leurs deux premiers maxis, nous rappellent les années glorieuses de la soul afro-américaine de Curtis Mayfield, Marvin Gaye ou Shirley Bassey. Le mélange de traitements électroniques et d'instruments acoustiques nous vaut également certains instrumentaux de toute beauté ("Give it away", "Polaris"), une bande son chaleureuse et moelleuse qu'on pourra siroter délicieusement dans un sofa en bonne compagnie... Au travers de diverses interviews, ils avouent la participation diaphane de Nigel Godrich à qui l'on doit la production d'entre autres l'"OK Computer" de Radiohead, du "Mutations" de Beck et du "The Man who" de Travis. De remixeurs talentueux ils sont passés à celui de remixés, naturel retour des choses, et je ne saurais que trop vous conseiller l'achat de leur maxi "Destiny" pourvu de relectures plus dynamiques par Photek et Roni Size. A l'heure où nous sommes noyés sous les productions lounge et downtempo flirtant plus souvent avec l'easy listening qu'avec la grâce, une petite perle passe presque inaperçue... Zero 7 signe avec "Simple things" une oeuvre d'orfèvres, un juste retour au songwriting et à l'investissement soul dans une musique électronique qui oublie trop souvent que la virtuosité n'est rien sans l'expressivité.