Chroniques Concerts

Otis Taylor à la Source de Fontaine (Isère) le 11 Octobre 2012

Posté par : Francois Branchon le 14/10/2012

Dans le cadre du Rhino Jazz Festival de la région Rhône-Alpes, le Centre Culturel La Source de Fontaine (couronne grenobloise) accueillait jeudi 11 Octobre 2012 l'Otis Taylor Band,

Envoûtés depuis quelques années par le blues hypnotique de l'Américain (notamment l'album "Below the fold" de 2005), mais pas forcément séduits par ses prestations scéniques (sa ferrailleuse guitare s'alliant fort mal sur scène à un violoncelle et une steel-guitar vite noyés), on reporte tous nos espoirs sur son nouveau groupe, plus "classique" - guitare, basse, batterie et un violon - en espérant décoller autant en live qu'à l'écoute de ses albums.

Salle pleine, public gentiment assis sur les gradins (Ah, les centres culturels !) et pari gagné.
Otis Taylor ne respecte pas les canons du blues. Sa musique (où l'humeur et l'impro tiennent des places non négligeables) dévie vite, vers le rock, le country-rock parfois, la Nouvelle-Orleans et son vaudou hanté souvent... Larry Thompson son batteur, cogneur sec et fin, cadre le tout à merveille, le bassiste Todd Edmunds (très mal sonorisé) ronronne comme il faut et le guitariste Jon Paul Johnson se charge de la couleur avec une Les Paul dont il exhale tous les cris de plaisir possibles, plongeant à l'occasion dans un psychédélisme aussi échevelé qu'un Dicky Betts des grands soirs.

Reste le cas de la violoniste Anne Harris : black généreuse et plantureuse en short moulant, à la gestuelle (gymnastique) sexuelle permanente qui aimantera pendant deux heures les regards des mâles cinquantenaires de la salle et dont l'intérêt musical reste à démontrer, tant sa technique est approximative...

Quant à Otis Taylor, fabuleux tisseur de toiles de fond rythmiques (en picking sur sa Telecaster le plus souvent), il mène en bon routier content, roublard et patelin, tout ce beau monde, et si la forme emprunte des chemins larges, le fond lui respecte le cap, le blues, niché jusque dans une reprise de "Hey Joe" ralentie à souhait. Otis Taylor est le blues.

Pour prolonger le plaisir, il est recommandé d'écouter le nouvel album qu'il vient de publier ("Otis Taylor's Contraband" chez Telarc distribution Socadisc).