Chroniques Concerts

ESG - Paris Fondation Cartier 28 Mai 2006

Posté par : Jérôme Florio le 29/05/2006

En achetant des instruments à ses trois filles pour éviter qu'elles ne traînent dans les rues du Bronx (quartier multi-ethnique de New-York), Madame Scroggins ne devait pas se douter qu'elles joueraient plus de vingt-cinq ans plus tard dans un des hauts lieux de l'art contemporain à Paris.

La musique d'ESG, c'est du vrai son de la rue (comme Suicide qui eux aussi, à leurs débuts, ont joué dans des galeries d'art) : une machine à faire danser, une fusion étonnante dans un creuset sonore unique. A l'époque produites par Martin Hannett, "You're no good", "UFO", "Dance", "Moody" n'ont rien perdu de leur singularité – du groove au minimalisme hypnotique (basse, batterie, quelques percussions), précis et tranchant, à la fois chaleureux et réservé. Les producteurs en vogue du Rn'B moderne (Pharrell Williams, Timbaland) perpétuent en quelque sorte cet héritage. Emeraude, Sapphire & Gold étaient quatre sur scène : le groupe se compose désormais des trois soeurs fondatrices (Renee, Valerie et Marie) augmenté de leurs filles (vraisemblablement l'une d'entre elles hier soir, aux choeurs, percussions, guitare – et distribution bon enfant de t-shirts).

ESG a fait souffler sur le public de la Fondation Cartier un esprit de fête, issu d'une époque et d'une ville où régnait un métissage frénétique et énergique – un temps d'avant le sida peut-être, que les trentenaires présents comme moi hier soir n'ont pas connu... Quelques titres d'un nouvel album à sortir très bientôt, intitulé "Purely physical" je crois, ne déméritaient pas.

Les ESG ont quitté la scène en se frayant un passage dans le public, accompagnées tout du long par des applaudissements chaleureux. On n'a pas fini de danser, les groupes historiques de "punk-funk" faisant un retour en force - bientôt les Bush Tetras et A Certain Ratio en concert...