Chroniques Concerts

Hugh Coltman + Joseph Leon - Paris Le Trianon 11 Mars 2009

Posté par : Jérôme Florio le 12/03/2009

Joseph Leon, dont le disque plutôt réussi sort le 26 mars prochain, ne semblait pas complètement dans son assiette hier soir. C'est une chose qui arrive... Je l'avais vu il y a quelque temps à la Maroquinerie (toujours en lever de rideau), depuis il s'est coupé les cheveux, mais il se plante toujours sur le même morceau... Seul à la guitare, il a assuré un set de folk-blues classique, très romantique, tendance Neil Young avec l'accent des Herman Düne. Interprétations un peu "en-dedans" par rapport au disque, peut-être par recherche d'une certaine sécurité. Il a été rejoint par une chanteuse (je n'ai plus le nom), puis par Hugh Coltman à l'harmonica sur un titre.

Hugh Coltman était sans conteste le chouchou de la soirée - et particulièrement de ces dames à en juger un public très mixte. Hugh Coltman est un excellent chanteur, à l'aisance peu commune ; francophile, il s'exprime dans un français décontracté avec un très léger cheveu sur la langue. Son univers musical est varié, tirant des bords vers le blues et le jazz, ce qui change de l'ordinaire pop-rock. Il était accompagné ce soir d'un groupe très professionnel, trop à mon goût, dont le jeu carré allait de pair avec un manque criant de personnalité. On ne sentait pas d'osmose entre Coltman et ses musiciens, tassés au fond de la scène, assurant le boulot, le guitariste venant en bord de scène pour deux soli assez téléphonés. Hugh s'est quand même ménagé quelques instants d'intimité avec son public, notamment sur "Sixteen", joué seul : ravi de la participation spontanée de l'audience, Coltman exulte. Le plus souvent, Hugh a joué avec une guitare acoustique, avec le groupe en mid-tempo aux arrières. Le passage à l'électrique a déçu, notamment "Something wicked this way comes", avec une voix et un son tout à coup brouillons et noyés - on voyait alors les limites du groupe, pas capable de fournir un accompagnement un tant soit peu racé. La reprise blues de "Jealous guy" de John Lennon était aussi un peu pataude. Reste de jolis moments dont le mérite revient entièrement à Hugh Coltman et ses talents d'interprète, notamment un duo avec une amie chanteuse de New-York.




The Zombies - Brest Cabaret Vauban 31 Janvier 2009

Posté par : Emmanuel Durocher le 04/03/2009

Tout a déjà été dit ou presque à propos de Zombies : un carrière (de 1964 à 1967) ponctuée de quelques hits éternels qui se termine avant même la sortie d'un album testament "Odessey and oracles", étoile essentielle dans la constellation magique et psychédélique qui illumina la fin des années 60 (où l'on trouve aussi "Pet sounds" des Beach Boys, "Forever changes" de Love, "The piper at the gate of dawn" de Pink Floyd ou "Sgt. Pepper's lonely hearts club band" des Beatles).

Quarante-trois ans après leur dernière tournée française, The Zombies - avec seuls le chanteur Colin Blunstone et le clavier Rod Argent de la formation d'origine - s'accordent une friandise sous la forme d'un Paris-Brest, deux dates attendues et redoutées par des fans de tous les âges. Avec des allures de club du troisième âge, les musiciens débutent avec "I love you" où Blunstone, tel un dandy décadent, fait éclater une voix qui a gardé toute sa superbe, puis suivent des titres qui "couvrent quarante ans de carrière" : les classiques des Zombies ("She's not there", "Tell her no"...) et des nouvelles compositions qui laissent de marbre - l'alchimie des sixties ne fonctionne plus vraiment. Mais il ne faut pas oublier les morceaux prog-glam-rock (et plutôt lourdingues) du groupe Argent, le superbe "I don't believe In miracles" tiré de l'album solo du chanteur ou la reprise "Old and wise" de l'Alan Parsons Project dont Colin Blunstone fut l'une des voix. Les seniors étaient accompagnés d'un guitariste plus jeune mais au CV bien fourni malheureusement ce dernier ne pouvait s'empêcher de faire des solos en tout genre qui ont terni pas mal de titres ("She's not there" en particulier) et fait cruellement sentir l'absence de Paul Atkinson, décédé en 2004. Mais le clou du concert est sans ambiguïté le set des titres de "Odessey and oracles" joués à la suite : "A rose for Emily", "I want her she loves me", "Beachwood Park", "Care of cell 44", "Time of a season".. écoutés les yeux fermés permettaient de saisir un moment d'éternité.

On peut déplorer des oublis ("How i get before", "The way i feel inside", "Friends of mine", les autres morceaux de "Odessey and oracles") mais les deux heures de ce concert, entre magnifique et pathétique, ont montré que l'on pouvait attendre quelque chose du retour des morts-vivants.