| Chroniques ConcertsCarte blanche à Alain Bashung - Paris Cité de la Musique 25 Juin 2005Posté par : Jérôme Florio le 26/06/2005
Trois groupes hier soir, tous invités par Alain Bashung dans le cadre de sa "carte blanche" à la Cité de la Musique. The
Pretty Things ont clôturé la soirée, après que le public (venu en masse
pour Catpower) se soit nettement clairsemé. Bashung avait partagé
l'affiche avec eux lors du premier festival pop en France, au Palais
des sports de Paris en... 1967. 40 ans plus tard, ils sont en
formation d'origine. Costards et lunettes noires, harmonies vocales au
point (Phil May, un peu bedonnant, assure), la première partie du
concert tient la route : "Midnight to six man", "Don't bring me down",
"Baron Saturday", "SF Sorrow is born" (ils joueront aussi un titre de
l'album "Parachutes" sorti en 1971). Ont-ils joué "Rosalyn" (reprise
par Bowie sur "Pin-ups") ? "LSD" ? Je suis parti avant le rappel : la
deuxième partie du concert était ennuyeuse, quand ils ont décidé de
rendre un hommage au blues, que la jeunesse anglaise du début des
sixties découvrait avec passion. Des titres de Muddy Waters, "Hoochie
Coochie Man" par exemple. Un "sommet" a été atteint avec l'entrée en
scène d'Arthur Brown, un rescapé des sixties visiblement allumé (à
l'époque, il faisait des concerts avec un casque qui projetait des
flammes, ce qui lui a valu le surnom de "God of Hellfire" !) : un grand
maigre fringué avec une sorte de djellaba à paillettes ouverte sur son
torse, et qui hululait à la mort. En début de soirée, Mark
Eitzel a donné un bon concert, pleinement engagé à son habitude. Assez
ambivalent dans sa relation au public, il semblait vraiment ravi de
l'accueil chaleureux. Il a tout fait pour : Eitzel essaye de faire
passer un max d'émotions avec sa voix puissante, qui surfe sur les
mélodies comme un chanteur de soul (noire, au propre comme au figuré).
Au fur et à mesure du concert, il est tellement emporté par ses
morceaux qu'il perd presque le contrôle : il n'arrive plus à jouer de
manière "carrée", abandonnant l'accompagnement à la guitare pour
assurer a cappella, ou négligeant le micro pour chanter encore plus
proche du public, dans une belle tentative de communication,
d'extériorisation la plus sincère possible. A noter une belle reprise
de Joy Division, "Heart and soul". Vraiment attachant. Le
billet du spectacle mentionnait "Catpower et ses musiciens" : c'est une
Chan Marshall toute seule qui est montée sur scène, ce que quelques
mufles lui ont élégamment fait remarquer ("where is the band, on the
bill ?"). Faut dire qu'un concert de Catpower en solo, ça peut être
éprouvant, ou magnifique, et souvent les deux sont intimement liés. Là,
on a eu droit à la deuxième option. Magnifique. Au piano, ou à la
guitare électrique, Chan ne s'arrête pas forcément entre les chansons
(aucune du dernier "You are free" ! Que des nouvelles ? - excepté
"Satisfaction" la reprise des Stones), ne court pas après les
applaudissements (embarras du public habitué à applaudir entre les
titres). Autour de quelques accords simples, souvent les mêmes, la voix
de Marshall a quelque chose d'une fragilité enfantine. Aucune carapace,
pas de protection, c'est déstabilisant pour nous comme pour elle (j'ai
bien cru qu'elle allait craquer à un moment, elle bataille cette
fille). Parfois à mi-voix, avec des envolées très retenues, c'est comme
si elle se chantait à elle-même des berceuses ou des comptines, pour se
rassurer par soir d'orage.
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