Chroniques Concerts

Quasimode - Tokyo JZ Brat 12 août 2006

Posté par : Hanson le 16/08/2006

Le péril jaune ne semble pas près de s'estomper dans le domaine du dancefloor jazz. L'Europe a été prise dans cet ouragan avec les dernières tournées des Soil & "Pimp" Sessions, qui depuis 3 ans forment le fer de lance de ce qui semble bien, vu de Tokyo, être une scène musicale. Le quintette nippon Quasimode est monté à son tour sur le ring avec son premier maxi sur le label suédois Raw Fusion paru au début de l'année. Depuis, tout le gota des DJ's européens et japonais se relaient pour chanter leurs louanges.

On est justement très loin du jazz anachronique audible sur TSF, au Duc des Lombards ou bien dans toutes les autres institutions croyant dur comme fer que le jazz est mort après 1959. Et pour cause, la soirée de promotion de leur premier album "Onself-Likeness" s'est ouverte ce samedi 12 août au JZ Brat à Tokyo par un excellent set de Syuya Okino (Kyoto Jazz Massive), sans aucun doute un des meilleurs sets que j'ai pu entendre de dancefloor jazz. L'atmosphère a finalement glissé vers un mix orienté electronica avec l'arrivée de Sacho (Soil & "Pimp" Sessions) aux platines. Et ce n'est certainement pas un hasard si des DJ's d'un tel calibre étaient là ce soir. Les flyers à l'entrée énuméraient un impressionnant carnet de soutiens, allant de Gilles Peterson à Jazzanova, passant par Mr. Scruff, Patrick Forge…

Lorsque que le quartet Quasimode est enfin monté sur scène vers 3 heures, le public japonais surchauffé m'a rapidement fait oublier qu'une toute petite poignée de happy fews occidentaux étaient présents à ce concert. Et là, tous les éléments de l'album étaient réunis : Un jazz dopé par une contrebasse suramplifiée, un percussionniste épiçant ses solos d'onomatopées, un pianiste dont les doigts ont dû faire fondre certaines touches de son piano, et un batteur au jeu diaboliquement serré. Parfois très latin jazz, parfois uniquement orientée dancefloor, l'atmosphère avait ceci de constant qu'elle était festive et résolument groovy.

En sortant du JZ Brat, à ma grande surprise et contrairement à mes habitudes lorsque je sors de certains "clubs de jazz" parisiens (comme le Duc des Lombards ou le Caveau de la Huchette pour ne citer que les lieux où vont prêcher les ayatollahs du jazz), je me suis senti parfaitement décomplexé. Cette fois-ci, pas besoin de vérifier, honteusement et dans la crainte du suicide social, que personne ne m’ait vu entrer ou sortir d’un énième concert de jazz parfaitement insipide, un peu à la manière d’un père de famille irréprochable, sortant d’un bordel et cherchant à s’assurer que personne ne l’a surpris en flagrant délit.

Ce que représente Quasimode aujourd'hui ? Sans aucun doute l'une des valeurs montantes du jazz orienté clubs et DJing. Espérons seulement qu'ils feront partie de cette vague de groupes japonais traversant les festivals européens.

Des infos sur Quasimode ICI