One more drifter in the snow

Aimee Mann

par Jérôme Florio le 15/03/2007

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Calling on Mary
Whatever happened to Christmas


Après les illustres Frank Sinatra, Peggy Lee, ou le superbe "A Christmas gift for you" de Phil Spector (et l'effrayant Tiny Tim !), Aimee Mann verse à son tour dans le "disque de Noël" : une spécialité américaine, un peu exotique pour nous autres à qui l'on inflige depuis 1946 "Petit Papa Noël" de Tino Rossi, opportunément réédité chaque année (30 millions de ventes aux dernières nouvelles)…

Aimee Mann n'a pas l'ambition réformatrice ni l'appétit démesuré d'un Sufjan Stevens, auteur d'un récent coffret roboratif de cinq Cd ("Songs for Christmas", 2006). "One more drifter in the snow" - un titre humble au diapason de son auteur -, que l'on découvre à l'approche d'un printemps précoce, est idéal pour faire en douceur le deuil d'un hiver cosy. De sa voix de velours, Mann parcourt tout l'éventail de la chanson de Noël, du conte pour enfants ("You're a mean one, Mr Grinch", avec Grant Lee Philips à la narration) aux brise-glace pour adultes consentants, qui vont laisser quelques lambeaux de cœur accrochés aux épines du sapin. Chaque choix d'arrangement est fait avec sensibilité, le son est soyeux (Jon Brion, producteur de Fiona Apple entre autres, collabore au disque) et mêle délicieusement cloches, cordes, belles guitares fifties ("Winter wonderland"), mandolines, harmonium, rythmique jazzy aux balais... Avec par-dessus tout le chant d'Aimee Mann (un des plus clairs du folk américain depuis Joni Mitchell ?) qui touche autant qu'une énième vision du "Magicien d'Oz" – de ces histoires pour enfants qui deviennent d'autant plus poignantes avec l'âge adulte. A côté des grands classiques "I'll be home for Christmas" ou "White Christmas", on trouve aussi la moins connue "Whatever happened to Christmas" de Jimmy Webb, et un traditionnel de 1833 "God rest ye merry gentlemen". "Calling on Mary", l'une des deux compostions originales (avec "Christmastime" coécrite par Jon Brion et son mari Michael Penn), est du soft-rock californien qui termine sur une note d'excellence.

Aimee Mann séduit sans minauder ni se la jouer sensuelle – on n'a pas du tout envie d'aller voir ensuite chez Norah Jones. "One more drifter in the snow" c'est du "middle-of-the-road" réalisé avec talent, qui contient cette charge émotionnelle faisant un peu défaut aux autres disques, trop bien faits et pensés, de la chanteuse : une collection de chants de Noël qui dégage assez de chaleur pour faire fondre un bonhomme de neige.