Armchair apocrypha

Andrew Bird

par Jérôme Florio le 11/04/2007

Note: 8.0    

Deux ans après le très dense "Andrew Bird and the mysterious production of eggs", l'Américain revient avec un disque plus pop et accessible – malgré les titres toujours plus cryptiques de ses chansons, qui reflètent le mélange d'élégance et de léger autisme de leur auteur.

Avec le succès, Bird aurait pu surenchérir sur ses grandes capacités : violoniste accompli, vocaliste agile et siffleur émérite, la facilité aurait voulu qu'il verse dans une formule pour épater la galerie, et être identifiable sur le marché. Au contraire, il se démarque subtilement de l'étiquette d'homme-orchestre solitaire et surdoué qui lui pendait au nez en laissant la batterie de Martin Dosh occuper l'espace. Andrew Bird prend naturellement les devants, mais c'est la rythmique qui forme la véritable colonne vertébrale du disque (Dosh est un batteur vraiment musical). Du coup, Bird chante et joue de manière plus relâchée, pose sa voix sur une fantaisie comme "Simple X" à base de synthés, de breakbeats brisés, travaillée en sous-sol par des rythmes latinos. Sur ce fond plus chaloupé qu'à l'accoutumée, il prend un air distancié et ironique (les textes sont toujours ce curieux mélange entre considérations psychologiques, sentimentales et environnementales) qui le rapproche de David Byrne avec ses Talking Heads.
Les meilleurs moments de "Armchair apocrypha" sont ses titres les plus directs ("Plasticities", "Heretics"). "Armchairs" est un peu languissante, "Dark matters" peut-être un poil trop lyrique pour le bonhomme. La rythmique se fait plus discrète sur la fin du disque, on revient alors sur des partitions que l'on connaît bien ("Scythian empires", les boucles de violon passées à l'envers sur l'instrumental "Yawny at the apocalypse"). La guitare électrique est partout plus présente, comme sur la fiévreuse "Spare-Ohs" (chantée avec Haley Bonar) qui conclut sur une belle note.

Moins surprenant que "Weather systems", moins intimidant que "… the mysterious production of eggs", "Armchair apocrypha" remet les violonades aux calendes grecques, et rend encore mieux compte de l'art vif et tout en légèreté d'Andrew Bird.


ANDREW BIRD - Imitosis (Clip)