Arnaud Choutet est décidément sur
tous les fronts. Après un excellent ouvrage (de référence) chez le
même éditeur consacré au country rock, il débroussaille un genre
lui aussi vaguement nébuleux, où l’avant-garde et le
révolutionnaire cohabitent – chez les disquaires – avec la drague
new age la plus vulgaire.
La musique bretonne existe depuis des
lustres, remonte le temps de l’invasion des Celtes au 6ème siècle
avant JC, puis de celle d’autres Celtes, les Bretons mille ans plus
tard, mais ce n’est que dans les années soixante-dix qu’une
jeune génération, initiée par Alan Stivell (le premier à signer
sur un label national) et Gilles Servat. s’en empare, la
dépoussière, la sort de son ghetto de musique de plouc (dixit Stivell lui-même), en
accompagnant les soulèvements politiques et culturels
anti-centralisateurs de l’époque. Émerge une nouvelle musique qui
devient porte-drapeau, s'ouvre à de multiples influences, se mêle à d’autres sons, une évolution qui fait de la musique bretonne
d’aujourd’hui une activité riche et foisonnante, qui n’a plus
guère de racine véritablement celte qu’à la marge.
Sur le même principe que "Country
rock", Arnaud Choutet présente une sélection de près de 120
albums, de groupes souvent issus les uns des autres, au travers
desquels il dégage des scènes, des lignes force de cette révolution bretonne, ses influences, ses propos, ne reléguant les menhirs traditionnels
(au hasard les Sœurs Goadec ou les Frères Morvan) qu’au rang
de totems et d’influences.
Très bel ouvrage.