It's what i'm thinking

Badly Drawn Boy

par Jérôme Florio le 21/01/2011

Note: 7.5    

Badly Drawn Boy était sans crier gare sorti de notre collimateur, depuis la surexposition de la BOF "About a boy" (2002) jusqu'à l'ambitieux et un peu planté "Born in the U.K." (2006). Le BDB a depuis longtemps perdu le petit mystère qui entourait ses débuts à la fin des années quatre-vingt dix : c'est un artiste identifiable - pas seulement à cause du bonnet éternellement vissé sur sa tête, presque un gimmick – dans le registre pop-folk douce, mi-Calimero mi-électro. Il revient presque en sourdine avec ce nouveau disque, peut-être le plus réussi depuis son premier "The hour of bewiderbeast" (2000).

"It's what I'm thinking" atteint un bel équilibre entre sonorités lo-fi et chansons plus produites, avec des mélodies évidentes qui accrochent instantanément. Deux titres humbles, effleurés, font discrètement entrer Damon Gough dans la place ; installé à son aise, il arrange l'enlevée "Too many miracles" (et la plus faible "This electric" à l'autre bout) avec cordes et castagnettes, sans toutefois verser dans le délire Spectorien, avec toujours ce côté cosy, fait maison, notamment dans la voix. Au détour d'un couplet, on pense aux mélodies troussées par les frères Head (Pale Foutains, Shack) mais cela ne dure pas, en partie à cause du petit péché de mollesse récurrent chez Gough. Sur la même longueur d'ondes, "I saw you walk away", le titre le plus ouvertement pop, est construit sur un riff clair de guitare rythmique qui rappelle avec plaisir le jeu de Johnny Marr (The Smiths). Cela finit un peu en tarte à la crême instrumentale, mais ce n'est pas bien grave.

Les deux morceaux les plus longs sont enchâssés au beau milieu du disque : "I saw you walk away" et "It's what I'm thinking", ce dernier divaguant plus longuement et sombrement que d'ordinaire. Même entouré par une pedal-steel qui arrondit les angles, Damon Gough aura rarement sonné si seul. Par certains côtés, l'écriture de "It's what I'm thinking (Part one : photographing snowflakes)" sonne comme convalescente, mais ce premier chapitre laisse espérer une suite à la hauteur et on l'espère meilleure.



BADLY DRAWN BOY Too many miracles (Clip 2010)