Morceaux qui Tuent Love's a way Everyone's hero End of the seasons Rejoyce
Si une notoriété devait se mesurer à
la production discographique, celle de Bill Nelson dépasserait
allègrement celle de Jésus : 90 albums, sous son nom ou ceux de ses
groupes (Be Bop Deluxe, Red Noise) entre 1971 et 2011 (!!) sans
mentionner ses participations aux ébats de Gary Numan ou David
Sylvian.
Roi de la scoumoune, Nelson vit ses œuvres soit ne pas
marcher (sur les grosses boites Mercury, CBS ou EMI pour ses Be Bop
Deluxe) soit les petits labels qui venaient de l'accueillir faire
faillite (Enigma), à l'exception toutefois du début des années quatre-vingt, quand le label belge des Disques du Crépuscule le fit connaitre à son cercle d'initiés (compil "From Brussels with love"). Blindé par tant de chance, Bill Nelson a fondé
depuis son propre refuge, Cocteau Discs (en hommage à), qui diffuse à
présent son travail, comme son fonds de catalogue, réédité grâce
à l'aide du label Esoteric. "Northern dream", premier
album de Nelson en 1971, en est la première sortie en CD.
Album
fondateur, aidé par John Peel qui le fit connaître à l'Angleterre
entière, "Northern dream" a tout du bricolage maison (à
l'image de sa pochette), toutes les guitares entièrement joué par Nelson, aidé d'un simple percussionniste et d'un bassiste sur quelques titres, tour à tour folk ("Rejoyce"), bluesy ("Bloo blooz"), psychédélique ("End of the seasons" et son harmonium), californien même ("Sad feelings", "House of sand"), et souvent
tout cela à la fois, à la manière du folk rock blues anglais de ces années. Un son rappellant parfois le Jethro Tull des débuts,
particulièrement cette guitare à la Mick Abrahams ("Everyone's hero"), mais souvent un
cran plus haut, plus loin, toujours avec cette guitare, égale des
régals psychés américains, ou anglais (le très Peter Greenien "Northern dreamer"), et qui révèle quarante après, un
fichu musicien inspiré, alors hippie cool sans prétention mais
doué, que tous ses bidouillages expérimentaux postérieurs
n'auraient jamais laissé deviner. Pressé à 300 exemplaires à
compte d'auteur à sa sortie, "Northern dream" mérite le
meilleur.