Une sortie un peu
étrange, mais non sans intérêt. Entre 2012 et 2014, Sony publie au
Japon à l'échelle ultra-confidentielle de cent exemplaires chacun
différents vinyles d'enregistrements en public de Dylan sur la
période 1962-1966, dans l'unique but d'en protéger les droits et
les empêcher de tomber dans le domaine public (ce qui arrive après
cinquante ans selon les lois européennes). Un travail d'archive en
marge des Bootleg series, aujourd'hui regroupé sur ce double
Cd.
Pour tout autre que
Dylan, ces exhumations seraient anecdotiques, mais le Bob n'ayant
jamais donné deux concerts semblables à cette époque, l'écoute se
justifie, voire s'impose.
Couvrant ces quatre
années où il est passé de l'acoustique solitaire de coffee-shop au
gigantisme électrique des stades, ces enregistrements sont en soi
une partie de l'Histoire, et réécouter cette période charnière en
accéléré permet de mesurer le chemin parcouru, la dimension de la
révolution.
Les prises sont
(pour la plupart) de bonne qualité. Chacun y cherchera ses versions
préférées, pour notre part on a un faible pour le presque feutré
"Desolation row" (Sydney 1966), un "Maggie's farm"
(Hollywood Bowl 1965 ) aux vocaux si en avant qu'on comprend enfin
tout ce que Dylan raconte, un grand "She belongs to me"
(Royal Albert Hall de Londres 1965), très différent - beaucoup plus
folk - de sa version studio (LP "Bringing
it all back home"), la toute première version connue de
"Blowin' in the wind" (New York 1962), un duo avec Joan
Baez, "When the ship comes in" (Washington 1963) et un
torride "Ballad of a thin man" (Edimbourg 1966) où Dylan
est accompagné par The Hawks (futurs The Band).