First utterance

Comus

par Francois Branchon le 17/06/2018

Note: 10.0     
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Certaines évidences s'imposent d'elles-même. Concernant Comus, l'une explose au visage : les six de Bromley (Kent) fondateurs du groupe en 1969 disposaient d'un fournisseur d'acide ou de Népalais Royal de première bourre ! Ce premier album qui parait en 1971 est en effet un affolant radeau de la méduse à la fois folk (à la Fairport Convention), rock (à la Captain Beefhart), psychédélique (à la Incredible String Band), métissé (à la East of Eden), enchevêtré (à la Zappa), acoustique, électrique, calme et agité, apparemment normal et azimuté, bref une œuvre richement touffue, inclassable, unique, qui se barre à la première occasion vers d'improbables coins inconnus du cosmos.

Et malgré des bizarreries toutes aussi complexes les unes que les autres, des mélodies catchy surgissent régulièrement du fatras et permettent à l'auditeur de toujours suivre, toujours plus conquis, même s'il s'agit de l'exfiltrer d'un sacrifice païen nocturne. Bien entendu le diable ne s'apprivoise pas du premier coup et "First utterance" doit être réécouté, encore et encore, avant d'en apprécier la quintessence et la plénitude de ses univers hantés.

On remarque particulièrement "Drip drip", plus de dix minutes aux vocaux étranglés cosmico-punks avant l'heure (avant le "Schwingungen" d'Ash Ra Tempel en 1972), les sept minutes trompeusement bucoliques de "Song to Comus" (mêmes transes vocales épisodiques de Roger Wootton), ou parmi les bonus qu'apporte cette réédition Esoteric (les face A et B du maxi "Diana" de 1971), "Winter is a coloured bird", huit minutes en suspension lysergique à aller se rouler de plaisir nu en plein hiver dans les prairies anglaises.

Une mention spéciale aux textes : inspirés du "Comus" de John Milton, ils ne déçoivent pas, évoquant crimes, viols, enfermements en asile et pendaisons de chrétiens, la vie de tous les jours quoi...

Une réédition bienvenue d'un album vinyle qui atteignait des sommets incongrus chez les disquaires. Comus a publié un second album en 1974, "To keep from crying" (Virgin), très mauvaise tentative de folk-rock commercial avant de splitter, puis se reformer en 2008. Le groupe tourne toujours actuellement, objet de culte chez les fans de métal, situation pas si cool qui laisse Wootton baba...

La formation originelle de ce premier album (chef d'œuvre) : Roger Wootton (guitare, vocaux), Glenn Goring (guitare acoustique 6 et 12 cordes, bongos), Andy Hellaby (basse), Colin Pearson (violon), Bobbie Watson (vocaux, percussions) et Jon Seagroatt (flute, percussions).



COMUS Drip drip (1971 Audio seul)



COMUS Song to Comus (Audio seul 1971)



COMUS Winter is a coloured bird (Face B du maxi "Diana" 1971 - Audio seul)