Born to be cheap - Live at The Hacienda

Divine

par Jérôme Florio le 10/10/2008

Note: 7.0     

Depuis ses rôles dans les films de John Waters (le premier, "Roman candles", dès 1966) jusqu'aux tubes disco des années 80 (5 titres classés dans les charts anglais), Divine a été le personnage "camp" ultime.

Au club l'Hacienda de Manchester, en 1983, on pouvait voir un soir des Smiths débutants, et le lendemain ce Divine totalement outrageux, créature hors-norme dont l'abattage bouffait tout et débordait de toutes parts. "Girls... boys... money... extasy" : les textes et la musique de Divine ont pour but avoué de faire passer du bon temps. Au rayon disco, Divine était à Donna Summer ce que Michou est à Marlène Dietrich ("Shake it up") : dans ces deux concerts live, il fait son numéro de vieille folle travestie sur des bandes préenregistrées, d'où émergent des riffs de guitare qui tachent comme d'épaisses traces de rouge à lèvres. "Love reaction" recycle "Blue Monday" de New Order, qui venait  juste de sortir - le public de l'Hacienda apprécie. Sur "Born to be cheap" (son hymne à lui, comme le "Born to lose" de Johnny Thunders), on pense même fortement à Daniel Johnston (si on s'attendait à ça !) : par sa seule existence, Harris Glen Milstead renvoyait à la société un reflet déformé, dérangeant, qui défiait la vulgarité.  

Mort en 1988 dans son sommeil (notamment à cause de son surpoids), Divine a connu l'apogée et la descente d'une vague hédoniste décimée par le sida. Une fête qui a laissé un goût très amer. Mais au final, reste l'impression d'un don entier de soi, de la part d'une personnalité incroyablement impudique et fragile.


DIVINE Shoot your shot (Live Manchester Hacienda 1983)