Blood and chocolate

Elvis Costello

par Vincent Théval le 20/01/2003

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
I want you
Poor Napoleon
Blue chair


Le sang, c'est pour la manière. Presque dix ans se sont écoulés depuis qu'Elvis Costello a déboulé sur des électrophones anglais déjà martyrisés par le punk. Dix années pendant lesquelles le King new wave a pu assouvir quelques vieux fantasmes, de la pop orchestrale de "Imperial bedroom" à l'hommage aux Anciens d'outre-atlantique ("King of America"). 1986, coup de sang : Costello reforme The Attractions et enregistre "Blood and chocolate" comme on boit une pinte de bière dans un pub anglais : d'une traite. Soit un retour à l'âpreté des débuts, sans fioritures aucune. Voix, guitare, basse, batterie et clavier sonnent particulièrement bien, associant en permanence sobriété, clarté et inventivité (les chœurs sur "Crimes of Paris"). Le chocolat, ce sont les chansons magnifiques, portées par des mélodies ciselées, à la fois poignantes et dégraissées au maximum. Deux "classiques officiels" du King sont présents ici : "I want you", confession pathétique et dépouillée d'un amoureux éconduit et "Poor Napoleon", même chose mais emmenée cette fois par le clavier triste à pleurer du génial Steve Nieve. Mais derrière ces classiques se cachent des chansons simples et belles, de montées d'adrénaline ("I hope you're happy now") en balades sucrées ("Blue chair") et finalement un album en tout point admirable. Comme d'habitude, la réédition est parfaite avec force inédits et versions alternatives qui peuplent un deuxième disque plantureux. On y découvre notamment un curieux duo avec Jimmy Cliff et la version single de "Blue chair" qui n'a plus grand chose de ballade et encore moins de sucrée.