This year's model

Elvis Costello

par Vincent Théval le 08/06/2002

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
No action
Little triggers
Hand in hand
I don't want to go to Chelsea
Lip service
Crawling to the USA


Déjà, la pochette. Mine patibulaire et costard cravate, notre homme évoque l'inquiétant "voyeur" de Michael Powell. Dieu seul sait quel forfait Elvis pourrait commettre avec cet appareil photo. D'autant qu'en mars 1978, quand sort “This year's model”, deuxième album du King new-wave, sa réputation n'est plus à faire : Elvis Costello n'est pas le Woody Allen du punk, c'est un sauvage mentalement dérangé, qui fait peur aux filles et aux journalistes rock. Un peu de patience et cet album deviendra le disque de chevet des premières et la bible des seconds. Le parfait manifeste new-wave : la hargne du punk (“No action”), la souplesse de la soul (“Little triggers”), la finesse d'écriture des Anciens sur les treize morceaux, l'explosion des chapelles à chaque instant. Fraîchement formés pour l'occasion, les Attractions ont développé un son magnifique, à la fois tendu et très mélodique, basse ronde et claviers acides poussés en avant. Une formule parfaitement adaptée aux velléités reggaes de l'époque : “I don't want to go to Chelsea” est une réussite majeure, carrément bien balancée. Elvis est royal, en équilibre permanent entre furie contenue et maniérisme. Un quart de siècle n'aura en rien altéré la puissance de cet album réédité en beauté, augmenté d'une douzaine d'inédits et versions rares, parmi lesquelles "Crawling to the USA” qui doit être considéré comme un classique, avec ses chœurs rudes dignes des Clash. Mick Jones apparaît d'ailleurs sur l'énorme “Big tears” qui ne fut à l'époque qu'une face b quand elle serait aujourd'hui un sésame inespéré pour n'importe quel groupe de gommeux en mal de crédibilité.