Mais que se
passait-t-il donc au village d'oncle Simonin au mois de mai dernier ?
Nous étions en visite dominicale avec cousine Pauline, et sitôt la
messe terminée, nous fumes estomaqués par la folie médiatique qui
agitait la Place de l'Eglise. Affichages publicitaires de tous côtés,
y compris dans le bulletin paroissial, meute de journalistes excités
(même un émissaire de Libé était là, certes un troisième
couteau mais quand même), des interviews complaisantes devant chaque
échoppe où "il" s'arrête, et, ventre saint-gris, nous
avons même vu une célèbre passeuse de plats (intervieweuse) du
service public en ovulation devant Lui.
Nous voulûmes
savoir ! Et nous nous renseignâmes. Lui c'était le célèbre
marchand de disques Etienne Daho, qui faisait la promotion de celui
qu'il venait de sortir. Il précisait qu'il faut dire "qu'il
vient de créer". Et on appris en tendant l'oreille que ce même
phénomène (le "processus créatif") se produisait
à chaque nouvelle histoire d'amour qu'en créateur Il vivait,
condition sine qua non de sa gestation créative. Il
semblerait que ce ne soit pas si simple d'être un artiste.
Pour oncle
Simonin, c'était beaucoup de vent pour rien. Ce jeune homme
mondain déjà vieux, façonné par les yéyés des années soixante, pour qui l'habit semblait faire le moine, semblait, l'âge venant, surtout soucieux du
petit zest sulfureux - mais surtout pas trop - qui ferait buzz. Ah marketing
quand tu nous tiens !
Cousine Pauline approuvait, ne voyant rien de neuf sous le soleil (forcément noir et ambivalent le soleil...), des textes toujours niveau collège,
chantés (marmonnés) faux, emballés d'arrangements noyant le
vide.
La pochette la faisait rire aussi, le côté simili loubard fashion en virée nocturne en DS - vous avez dit yéyé chic ?
Nous tombâmes
d'accord pour estimer entier le mystère sur les mécanismes
pavloviens de ses acheteurs. Mais nous avions mieux à faire, la
blanquette dominicale d'oncle Simonin nous attendait.