Brainwashed

George Harrison

par Francois Branchon le 26/02/2003

Note: 8.0    

"Brainwashed", disque inachevé d'Harrison terminé par son fils Dhani et Jeff Lynne, est assez surprenant. Alors qu'on attendait une voix fatiguée et éraillée par la maladie, elle sonne plutôt fraîche et légère, comme aux débuts, comme si retrouver le studio quinze ans après "Cloud nine" avait eu des effets thérapeutiques, rajoutant une dernière couche de punch et joie de vivre à l'existence du Beatle gentil. D'autant que l'inspiration reprend elle aussi des couleurs, au point de retrouver parfois les accents sinon les sommets de "All things must pass", et d'enterrer définitivement "Dark horse", "Thirty three and a third" ou "Gone troppo" (albums de toute façon oubliés). Ainsi Harrison, l'amateur bouddhiste de voitures de sport qui après une quinzaine d'années chargée (une tentative d'assassinat, un cancer frappant trois fois, des affaires fluctuantes), prétendait ne plus trouver sa place dans le monde actuel et préférait cultiver son jardin, a bouclé sa boucle, avec sa slide guitare, qui sonne ici comme aux plus beaux temps de "My sweet Lord" ("Marwa blues", "Stuck inside a cloud", "Rising sun"...), voire des Beatles ("Rocking chair in Hawaii"). Cependant, à ce stade de "régénérescence" on se pose la question : est-ce bien lui que l'on entend ou bien Jeff Lynne ? Car tous conviennent qu'à la mort de George les chansons n'étaient qu'à l'état de démos... Mais le statut de disque posthume faussant évidemment le jugement et l'affectif de la "dernière fois" prenant logiquement le dessus, on laissera la question pudiquement sans réponse. "Brainwashed" clôt l'histoire de George Harrison d'une belle manière, résumant dans les six minutes de son titre éponyme final, sa vie paradoxale, mariage de vitesse (une intro et des couplets aux accents à la Dylan de "Hurricane") et de méditation (incantations finales méditatives sur fonds de sitar et tablas).