The closing of Winterland - December 31, 1978

Grateful Dead

par Francois Branchon le 30/04/2004

Note: 7.0    

Un groupe aux concerts uniques honorant la salle mythique de San Francisco pour sa fermeture, voilà qui sonnait comme une promesse d'événement pour ce réveillon du 31 décembre 1978 (heureux Californiens). La cote du bootleg qui en fut tiré ("Farewell to Winterland" sur le label pirate Lax) amplifia la rumeur que le Grateful Dead avait donné ce soir-là un de ses meilleurs concerts. Sa sortie officielle aujourd'hui en petit coffret 4 Cd (5 heures) sur le label personnel du groupe (qui rend disponible via son site internet la masse impressionnante de ses concerts enregistrés, une philosophie initiée par Zappa) permet de le juger.

En 1978 le Dead n'est plus la flamboyante et imprévisible machine des années buvard de San Francisco. La mort en 1974 de son sorcier/gourou/batteur/chanteur Pigpen a laissé le groupe sur le carreau pendant deux ans, et s'il remonte sur scène en 1976, c'est assagi, ayant remisée dans la vitrine aux reliques la sainte suite "Dark star>St Stephen>The eleven>Turn on your lovelight", l'axe des aventures scéniques, immortalisée sur "Live Dead" en 1969 (et objet de l'album "Greyfolded" de John Oswald).

En 1978, le groupe est inchangé - Jerry Garcia, Bob Weir et Phil Lesh aux guitares, Bill Kreutzmann et Mickey Hart aux batteries diverses, mais a remplacé Ron McKernan (Pigpen) par le couple Godchaux, Keith le pianiste et sa bourgeoise Donna au chant. Le Dead, dont les albums ont à cette date traversé tous les styles (rock, blues, country, envolées lysergiques), maîtrise à la perfection toutes les cordes de son grand arc dont il est normalement censé jongler avec brio, comme en témoignent les live précédents ("Grateful Dead live" en 71, "Europe 72"). Pourtant, au fil de ces quatre Cd, une lassitude s'installe, comme si un nivellement, un dénominateur commun était imposé à des morceaux aux histoires bien différentes. Un rapport entre "Me and my uncle" et "Ramble on rose" ? "Terrapin station" et "Not fade away" ? "Around and around" (la reprise de Chuck Berry) et "Casey Jones" ? Ils sonnent tous ici "sous contrôle", calibrés assez gros son, bien trop carrés pour être honnêtes.

Quant à la fin du concert, celle qui tente de gravir le mythe ("Dark star"...), elle laisse sceptique, démarre bien, l'atterrissage sur "Wharf rat" est bien émouvant, mais que dire de sa fin pataugeante (pauvre "St. Stephen"...). Si on ajoute le hic Donna Godchaux, chanteuse envahissante et sans intérêt, dont les cris de pintade égorgée obligent à zapper une partie des morceaux (heureusement parfois elle la ferme !), le bilan est assez mitigé.