For him and the girls

Hawksley Workman

par David Lopez le 21/05/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Paper shoes
Tarentulove


Qui peut décemment aujourd'hui ouvrir un album de rock par un yodle tyrolien sur fond de batterie post-Brian Eno sans passer pour un clown, puis faire couler dans le même morceau ("Maniacs") une ballade folk sans décontenancer l'auditeur ? Les premières mesures du "For him and the girls" de Hawksley Workman suffisent à prendre conscience du savoir-faire d'un véritable personnage, canadien de 26 ans, inconnu jusqu'alors malgré un précédent et premier album (prévu à sortir en France en octobre prochain). Le cheveux hirsute mais le trois pièces (presque) impeccable, cet audacieux mélodiste, sans l'air d'y toucher, est un authentique auteur-compositeur-interprète (il écrit, chante et joue presque tous les instruments), producteur et maçon à ses heures (il s'est construit son studio) et peut-être même un jour maire de Toronto, comme remarqué récemment sur une scène canadienne ('Votez Hawksley !'). Boulimique et bosseur donc monsieur 'Travailleur' ? Une inspiration débordante le dispense de trop d'efforts, plusieurs morceaux ont d'ailleurs été composés et enregistrés dans la même journée. N'empêche. Bien qu'autoproduit sur un 8-pistes, l'album est superbement réalisé et arrangé, la voix claire et posée, passant sans forcer du grandiloquent au confidentiel ("No more named Johnny" susurré, presque guttural), il est brillant, exalté, impétueux, éclectique tout en restant cohérent. La variété de ses morceaux vient en partie d'une inspiration d'un beat rythmique - HW est batteur à l'origine - plutôt que d'une ligne mélodique ou harmonique. "Coup d'essai sexuellement naïf" d'après son auteur, "For him and the girls" finit presque par ressembler à un opéra-(glam)rock miniature et spontané, d'un lyrisme débordant, où viennent se bousculer Divine Comedy ("Bullets"), XTC et Elvis Costello, Rufus Wainwright (pour l'ambiance cabaret), l'influence majeure restant David Bowie ("Tarantulove", "Stop joking around", "Don't be crushed" et surtout "Paper shoes" qui semble tout droit sorti de "The man who sold the world"). Hawksley Workman qualifie sa musique comme 'faite avant tout pour danser', mais également de "musique sombre qui doit vous divertir avant que vous réalisiez que vous nagez dans une piscine boueuse". Hawksley Workman est finalement un peu clown, mais alors plus pierrot qu'auguste.