Les
Animals étaient bien un groupe à part dans la galaxie des sixties
anglaises. Au contraire de bien d'autres, même très connus (Kinks),
leurs membres étaient tous de remarquables musiciens, auteurs de
carrières solo justifiées (Burdon, Georgie Fame, Chas
Chandler...).
Hilton Valentine, le guitariste, traine à New
York de club en club au printemps 1966 avec son pote Brian Jones...
"Tiens avale ça Hilton, c'est comme le shit, juste un peu plus
fort" dit Brian en lui tendant le sucre. De ce jour, Hilton
Valentine va passer le reste de l'année 66 à quinze acides par
semaine en moyenne. Chez lui à Londres, Chandler, le géant et
bassiste (pas rigolo) des Animals le trouve fréquemment prostré au
milieu du salon, lunettes kaléidoscope sur le nez, entouré des
dizaines d'animaux jouets qu'il a ramenés des États-Unis... Le
split des Animals est scellé.
Car pour Hilton, le monde
n'est plus qu'amour, et le blues que Burdon veut continuer de jouer
l'emmerde. Il préfère le chemin pris par Donovan, la vérité vient
des nénuphars, quand on part discuter avec eux, en robe violette, le
soir au clair de lune sur les étangs. Valentine écoute le barde
écossais nuit et jour, et de ces journées/soirées datent ses
premières compositions personnelles. On est en 1968. Le temps a
passé vite, avec le nez dans les étoiles.
Tâche autrement
plus ardue que d'en faire un disque. En 1969, Hilton Valentine est
largué et sans le sou, ses royalties des Animals passées sous le
nez. Un Burdon pas trop fier sur ce coup-là va se racheter en
envoyant son manager et leader des New Animals Vic Briggs s'occuper
de lui. L'album est en boite fin 1969. Et c'est Vic Briggs, nommé
par le plus grand des hasards directeur artistique chez Capitol à
Los Angeles, qui va le publier. "All in your head" est donc
l'enfant d'un fameux concours de circonstances.
Bucolique et
doux, "All in your head" s'écoute vautré dans l'herbe.
Hilton Valentine y est seul, aux guitares acoustiques, au chant, au
tambourin, parfois à la batterie, agrémenté d'arrangements de
cordes. Et il est beau de bout en bout. Les compositions sont d'une
rare délicatesse, la guitare fine et recherchée, la voix douce. De
Donovan, Hilton Valentine a assurément compris la magie des notes
simples et simplement hypnotiques, à la manière du "Song of
the wandering aengus" de l'Ecossais. Et il arrive souvent à ce
niveau de beauté frissonnante, "Listen", "Eyes of a
child", le fantastique "Sitting in the sun",
"Girl from Allemagne", "Peace"... Vic Briggs n'est pas toujours un sommet de
finesse, tout au plus regrettera-t-on des arrangements parfois
déplacés ("Little soldiers").
Bravo à
Grapefruit, nouvelle petite structure de chez Cherry Red, d'avoir
réédité ce trésor caché, qu'aujourdhui Hilton Valentine curieusement renie. Toujours en activité dans un circuit de clubs (on l'a vu avec Jonathan Richman), il joue à présent... du blues ! (voir ci-dessous).
HILTON VALENTINE Peace (Audio seul)
HILTON VALENTINE Rockin Daddy (Live The Space Portland 2009)