All in your head

Hilton Valentine

par Francois Branchon le 03/12/2009

Note: 9.5     
Morceaux qui Tuent
Listen
Everything returns to me
Eyes of a child
Sitting in the sun
Peace
Girl from Allemagne

spiraleEcouter
spiraleAcheter


Les Animals étaient bien un groupe à part dans la galaxie des sixties anglaises. Au contraire de bien d'autres, même très connus (Kinks), leurs membres étaient tous de remarquables musiciens, auteurs de carrières solo justifiées (Burdon, Georgie Fame, Chas Chandler...).

Hilton Valentine, le guitariste, traine à New York de club en club au printemps 1966 avec son pote Brian Jones... "Tiens avale ça Hilton, c'est comme le shit, juste un peu plus fort" dit Brian en lui tendant le sucre. De ce jour, Hilton Valentine va passer le reste de l'année 66 à quinze acides par semaine en moyenne. Chez lui à Londres, Chandler, le géant et bassiste (pas rigolo) des Animals le trouve fréquemment prostré au milieu du salon, lunettes kaléidoscope sur le nez, entouré des dizaines d'animaux jouets qu'il a ramenés des États-Unis... Le split des Animals est scellé.

Car pour Hilton, le monde n'est plus qu'amour, et le blues que Burdon veut continuer de jouer l'emmerde. Il préfère le chemin pris par Donovan, la vérité vient des nénuphars, quand on part discuter avec eux, en robe violette, le soir au clair de lune sur les étangs. Valentine écoute le barde écossais nuit et jour, et de ces journées/soirées datent ses premières compositions personnelles. On est en 1968. Le temps a passé vite, avec le nez dans les étoiles.

Tâche autrement plus ardue que d'en faire un disque. En 1969, Hilton Valentine est largué et sans le sou, ses royalties des Animals passées sous le nez. Un Burdon pas trop fier sur ce coup-là va se racheter en envoyant son manager et leader des New Animals Vic Briggs s'occuper de lui. L'album est en boite fin 1969.
Et c'est Vic Briggs, nommé par le plus grand des hasards directeur artistique chez Capitol à Los Angeles, qui va le publier. "All in your head" est donc l'enfant d'un fameux concours de circonstances.

Bucolique et doux, "All in your head" s'écoute vautré dans l'herbe. Hilton Valentine y est seul, aux guitares acoustiques, au chant, au tambourin, parfois à la batterie, agrémenté d'arrangements de cordes. Et il est beau de bout en bout. Les compositions sont d'une rare délicatesse, la guitare fine et recherchée, la voix douce. De Donovan, Hilton Valentine a assurément compris la magie des notes simples et simplement hypnotiques, à la manière du "Song of the wandering aengus" de l'Ecossais. Et il arrive souvent à ce niveau de beauté frissonnante, "Listen", "Eyes of a child", le fantastique "Sitting in the sun", "Girl from Allemagne", "Peace"... Vic Briggs n'est pas toujours un sommet de finesse, tout au plus regrettera-t-on des arrangements parfois déplacés ("Little soldiers").

Bravo à Grapefruit, nouvelle petite structure de chez Cherry Red, d'avoir réédité ce trésor caché, qu'aujourdhui Hilton Valentine curieusement renie. Toujours en activité dans un circuit de clubs (on l'a vu avec Jonathan Richman), il joue à présent... du blues ! (voir ci-dessous).



HILTON VALENTINE Peace (Audio seul)



HILTON VALENTINE Rockin Daddy (Live The Space Portland 2009)