Chanson | | 1978 | Album Original | Un CD Sterne 1986 |
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SPIRALE | | |
| | | par Thomas D. Lavorel le 06/02/2011
| Morceaux qui Tuent La fin du Saint-Empire romain germanique La dèche le twist et le reste Le chant du fou
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| "Liberté
Liberté Li-ber-té Ah
ben ouais quoi"
On
dit d'un artiste que ses premières œuvres sont chefs d'œuvres, ce
qui suit étant tentatives pour recommencer, recréer, faire aussi
bien que l'original. C'est comme s'il y avait quelque chose
d'instinctif qui s'y déversait, nu et sans fioritures, et
qu'ensuite, ce serait toujours le même instinct, mais contenu,
contraint, ou cultivé, qui rechercherait sa désinvolture première.
Mais, puisqu'il cherche, il ne trouve pas forcément. On dit ceci des
artistes, on dit cela de Thiéfaine : pour la plupart des
afficionados,
ce premier opus de la longue litanie orphique demeure ce que le
Jurassien fit de mieux.
Ce n'est pas tout à fait vrai. ''Tout corps
vivant...'' n'est pas le meilleur de Thiéfaine, mais il contient en
puissance le devenir et la trajectoire de l'œuvre, dans une
empreinte de légèreté qui sera par la suite laborieux de retrouver
(mais nous verrons cela en temps voulu) ; l'esprit Thiéfaine, touché
des fibres de cordes vocales, replié sur le germe, tout en soupçons,
résonne et frisonne les problème de l'homme, qui sont des problèmes
de mélancolie, comme disait le vieux Léo. Il y a aussi, dans ce
premier album, des fragments de révolte. Années 70 obligent, nous
sommes en plein reflux de Mai 68, et Thiéfaine est dans la vague,
avec comme volonté de s'y mouvoir en bouffon, certes, mais en
bouffon tragique (''Le chant du fou''), qui lance son rire glaçant à
la face de la somme dérisoire que représentent ces années-là
(''22 Mai''). Thiéfaine ne s'éprend du pathos politique seulement
dans la mesure où celui-ci alimente les passions tristes de l'homme,
et sa grande force, c'est de s'éprendre en bouffon (''La fin du
Saint-Empire romain-germanique), cependant que le fou chante " La
dèche le twist et le reste" ("Moi je bricole et je
fabrique des chansons qui sont invendables").
Pour conclure ce
premier chapitre, on dira que cet album s'inscrit dans l'ère de son
temps, un temps français, et c'est bien là que l'esprit Thiéfaine
s'enracine, qu'il s'inscrit, mais comme en négatif, à revers, sur
l'autre face, la "face nord", celle qui reste à l'ombre le
plus longtemps, celle qui reste glacée quand on amorce la descente. |
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