Every time you move

Hunter Muskett

par Damien Berdot le 27/04/2010

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Castle
Inside mine

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Ce disque, sorti en 1970 chez Decca Nova, avait été indisponible pendant près de quarante ans, avant que Cherry Red le réédite. Il apporte pourtant un éclairage intéressant sur la scène folk-rock britannique du début des années 70, qui n'était pas constituée que d'émules de Fairport Convention ou Pentangle – loin s'en faut. Hunter Muskett apparaît au croisement du folk-rock américain (Crosby, Stills, Nash & Young) et du folk anglais le plus mélancolique (Nick Drake). Au premier, il emprunte les harmonies vocales. Avec le second, il partage un goût pour les atmosphères automnales.

La pochette de l'album (qui montre un classique trio de guitaristes folkeux) ne laisse aucunement soupçonner la richesse du son d'Hunter Muskett. D'abord, il y a les arrangements de cordes de Richard Hewson, dont les nappes renforcent le registre grave et apportent du liant, entre autres sur la chanson-titre – mais on regrettera quelques surcharges, sur "Midsummer night's dream" et "The wait". Ensuite, il y a le jeu de contrebasse de Danny Thompson. Les amateurs du premier Nick Drake reconnaîtront instantanément sa patte à l'écoute de "Cardboard man". Enfin, la production pleine d'échos donne un côté fantomatique bienvenu à certaines chansons.

Les moments forts incluent "Castle", très beau, avec son solo de flûte, et "Snow", pour le versant le plus mélancolique. La formule (arpèges carillonnants, chant en solo renforcé par des chœurs sur le refrain) est invariable. On la retrouve sur "Storm on the shore" et "I have a house", qui évoque Simon & Garfunkel. Les chansons s'étirent davantage que la moyenne des chansons de folk-rock, mais – et c'est le point faible de cette musique – les passages exclusivement instrumentaux sont un peu languissants, d'autant qu'ils comportent des lignes de guitare lead répétées plusieurs fois. Hunter Muskett est toutefois capable d'un peu de dureté, ainsi qu'en témoignent "Press gang" et la chanson up-tempo "Hey little girl". Quant à "Inside mine", avec ses divers unissons (guitare lead/chant puis guitare/basse), c'est ce qu'il a fait de plus éloigné de sa formule. Il flotte sur ses refrains un climat proche de ceux du Summer of Love californien.