The true blue skies

Jim Yamouridis

par Jérôme Florio le 10/02/2014

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
The true blue skies


Jim Yamouridis affine avec "The true blue skies" le travail qu'il mène depuis plusieurs années en compagnie de musiciens fidèles, notamment Sébastien Martel (guitare) qui coproduit avec Sarah Murcia (contrebasse) ce nouveau disque de blues matois aux arrangements aussi fins que peu conventionnels.

"To carry the load" annonce la couleur. La voix, profonde et grave, occupe le centre ; autour c'est une dentelle pointilliste de guitare, contrebasse, clarinette (Fabrice Barré) et vibraphone (Nicholas Thomas). Murcia et Martel, tous deux excellents musiciens au vocabulaire très large, se sont visiblement régalés à tailler un costume à la mesure de la voix de l'australien : Yamouridis donne l'impression de ne jamais forcer - c'est aussi un peu la limite de son interprétation. L'animal s'adapte parfaitement. Comme un gros matou qui sortirait ses griffes sans s'en servir ,"Body of proof" est à la fois rock et rentré, avec sa contrebasse légèrement saturée et le battement sourd de la grosse caisse (Christophe Lavergne). "White linen" est également dans une veine électrique avec la guitare abrasive de Martel.
"Mireille" est une reprise de Dick Annegarn,  presque trop évidente. Il est amusant de comparer les accents pas 100% pur français, les timbres rocailleux (Jim roule les "r" presque comme Dick), des deux outsiders provinciaux (du côté de Clermont-Ferrand pour Jim) qui travaillent chacun à leur manière un blues moderne d'homme blanc ; la longue "I want you" joue la carte de la voix irrésistiblement susurrée. Le guitar picking est remplacé par de la harpe sur "Friend there is trouble" (pas totalement acoustique, on entend l'écho du micro placé sur le corps de l'instrument, comme un élément de percussion).

"The true blue skies" n'est pas placée par hasard en pivot central : merveilleuse d'équilibre (contrebasse, clarinette, harpe, vibraphone), c'est le cœur sensible du disque. Sébastien Martel et Sarah Murcia jouent souvent avec les new-yorkais Elysian Fields, dont on retrouve sur "The fields and the meadows" les marqueurs du style première époque ("Queen of the meadow", 2001) : ralentissement au bord de l'engourdissement, lancinants et profonds accords de guitare, pour une invitation à  pénétrer dans un univers caché sous le tempo. Le dernier titre "Slow" enfonce le clou : un univers à la fois aride et peuplé de voix spectrales amies, rassurantes.
 
Tenu et maîtrisé autant dans ses effets que dans sa durée, "The true blue skies" est le plus badin et séducteur des disques de Jim Yamouridis à ce jour. 



Release party de JIM YAMOURIDIS, le Mardi 25 Février à 21h à la Java à Paris.
Les 5 premiers se présentant avec le mot de passe "Sefronia" entreront gratuitement.