Aventure vers l'inconnu ! Du temps de
l'URSS dans toute sa splendeur, le rock, sous toutes ses formes -
était bien entendu banni, puisqu'enfanté par le grand Satan
américain, symbolisant à lui seul la dégénérescence capitaliste
et la mauvaise graine décadente qu'il s'agissait d'empêcher à tout prix de laisser germer.
Aussi au pays des soviets, le rock était - par
nécessité - underground et subversif, qu'il fût pop rock, métal,
punk au fil des lustres... et ce jusqu'à la libéralisation de
Gorbachev à la fin des années quatre-vingt. Il est intéressant de
constater qu'aujourd'hui, alors que le pays retrouve avec Poutine et
son pitre Medvedev (grand fan de Deep Purple !) des habitudes
dictatoriales de censure et d'emprisonnement arbitraire, le rock
redevient un salutaire vecteur de provocation (cf les punkettes Pussy
Riots).
Cependant, la lecture du bouquin apprend aussi que
l'équation rock = rébellion = répression ne fut à certains
moments qu'une façade, le KGB, en expert es-manipulations, se
servant en sous-main de groupes rock pour instiller dans les esprits
"l'initiative privée", anticipant une société libérale
au sein de laquelle ses cadres entrevoyaient de se garnir les poches
(ce qui arrive sous Eltsine). On ne les imaginait pas si
fins...
Cependant, à l'instar du bouquin de Julian Cope sur
le rock japonais (chez le même éditeur), celui de Joël Bastenaire,
diplomate et attaché culturel dans les pays de l'Est pendant de
longues années et administrateur de l'IRMA ici en France est avant
tout une formidable encyclopédie de groupes quasiment tous inconnus
par ici, à laquelle le YouTube russe fournira un complément
indispensable.