Pensée et choisie par Joni Mitchell, cette compilation ambitieuse, pas forcément facile mais passionnante, explore en profondeur l’influence du jazz sur son œuvre et invite à découvrir son "âme jazz".
Le coffret se décline en soixante-et-un titres sur quatre Cd, couvrant près de cinq décennies de création, soit largement au-delà de la seule période dite "jazz" de Mitchell, démarrée en 1976 avec le LP "Hejira" et ses collaborations avec les jazzmen Jaco Pastorius, Charlie Mingus, Wayne Shorter... le coffret étant d'ailleurs dédié à ce dernier, décédé en 2023.
S'y croisent des titres connus, des extraits de concerts et des chutes de studio (prises alternatives rares dans le jargon marketing actuel). Parmi les démos inédites, on note avant tout une remarquable version de "Be cool" de 1980, et comme à l'habitude les extraits de concerts révèlent une
autre facette de son génie. Le coffret commence dès l'album "Blue" (1971), où l’influence de Miles Davis et de son "Kind of blue" est effectivement palpable, et s’étend bien sûr aux albums plus explicitement jazz ("Hejira", "Mingus", "Shadows and light").
Si on pourra être globalement déçu par le peu de véritables raretés et si l'ensemble peut sembler au premier abord moins accessible aux néophytes, devenant un coffret pour initiés, il faut insister, tant "Joni’s jazz" est plus qu’une simple compilation, mais un tout, qui se révèle au fil des écoutes : une œuvre
d’art à part entière, une plongée dans l’intimité musicale de Joni
Mitchell et dans son dialogue constant avec le jazz.
Techniquement la qualité audio est à saluer, avec un travail de
remastering qui met en valeur la richesse des arrangements et la
subtilité des improvisations. Cohérence, qualité de sa sélection, "Joni’s jazz" est un must pour les passionnés, un effort mais une découverte assurée pour les autres.
