First, Second & Third (The complete three Decca LPs 1964-1966)

Julie Felix

par Francois Branchon le 07/03/2009

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
Masters of war
Someday soon

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A l'instar d'une Joan Baez, Julie Felix, de Santa Barbara, Californie, était une passionnaria folk tendance politique et droits sociaux, dévouée porte-parole des Pete Seeger, Woody Guthrie, Phil Ochs, Tom Paxton et autre Dylan plutôt qu'assise en tailleur devant les feux de camp de Kingston Trio ou de Peter, Paul & Mary. Mais quand Joan Baez envoûtait de sa voix sinueuse et très douce, Julie Felix ne rechignait pas à se raidir, à mitrailler la chanson comme on exhorterait à se bouger les fesses, genre "La démocratie est en danger, debout bandes de feignasses !!"
Mais il manquait à Julie Felix une dimension, la composition et l'écriture, raison possible de sa non-migration au tout début des 60's vers le quartier Greenwich Village de New York, Mecque de tous les messagers folk d'alors. Alors, en bonne adepte "beat", avec pour simples bagages sa voix de stentor et ses incantations, elle part faire un tour d'Europe, et finit par se poser en Angleterre. Et comme "missionnée", elle va y écumer les clubs folk, soir après soir, jouer dans des salles de plus en plus grandes, jusqu'à de très grandes (le Fairfield Hall de Croydon, le Royal Albert Hall de Londres) et finir par se faire signer par Decca. Nous sommes en 1964, elle va enregistrer trois albums, en trois ans, simplement intitulés "First", "Second" et "Third" (le troisième paru en 1966 étant en réalité une réunion des chutes des deux premiers). Jamais réédités jusqu'ici, les voici réunis sur ce double Cd RPM.

A l'image des grands noms du moment du folk anglais, Ann Briggs, Shirley Collins ou Davey Graham, Julie Felix est à l'école rude et austère du chanteur à message, qui ne s'embarrasse pas d'arrangements - Fairport Convention n'est pas encore passé par là. Le chant est donc mixé très en avant, simplement soutenu par un gratouillis de guitare. A quelques exceptions près ("To try for the sun" de Donovan et "Needle of death" de Bert Jansch), le répertoire est américain : versions dépouillées de Dylan (magnifique "Masters of war", "Don't think twice it's all right", "When the ship comes in".....), reprises arides de Tom Paxton ("I've got nothing but time", "Going to the zoo", "The last thing on my mind"...), magistrale de Ian Tyson, bien avant Stephen Stills ou Judy Collins ("Someday soon"), de Woody Guthrie (troublante "Pastures of plenty", "Ship in the sky", "Sally don't you grieve", "Plane crash at Los Gatos", "Mound of your grave"...) ou de Leadbelly ("Gallows pole"), Pete Seeger ("Space girl", "One man's hands") et Phil Ochs ("Days of decision")...

Par la suite, Julie Felix restera en Angleterre et signera chez Fontana, puis chez RAK, le label de Mickie Most. Mais ses trois albums pour Decca restent ce qu'elle a produit de mieux.

En 1969, Julie Felix participait à l'émission de TV française iconoclaste "Tous en scène"... pas d'image hélas... Voici ci-dessous un extrait d'une émission de TV américaine en 1970, avec un "Masters of war" réarrangé, issu de son double album de 1968 dédié à Bob Dylan.



JULIE FELIX Masters of war (TV Usa 1970)


JULIE FELIX & LEONARD COHEN (Live TV Angleterre 1967)