Nothing but the real thing - The best of 1960-1969

Kenny Lynch

par Francois Branchon le 31/12/2004

Note: 7.0    

L'Angleterre des 60's avait le chic de toutes les audaces : un Président Rosko présidant une radio pirate sur un bateau, la tarte aux rognons en plat obligatoire et un "entertainer" national - théâtre, cinéma, music-hall et télévision - noir ! (imaginez le parallèle, "oh mon Dieu ! un nègre aux côtés de Catherine Langeais à la télévision française !!"). Crooner à ses heures (influences revendiquées Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald), Lynch est repéré dans un club de jazz en 1960 par Shirley Bassey, pas encore propulsée vers la gloire avec la BO du premier James Bond. Le manager de Bassey l'encourage à laisser tomber les chansons de Sinatra et Nat King Cole pour un répertoire plus pop et soul, et lui présente l'attaché de presse Andrew Loog Oldham (futur manager des Rolling Stones). Le succès n'est pas loin. Sept hits au cours de la décennie.

Chanteur de variétés (au sens français) soul, adossé (touche anglaise) à des orchestrations de qualité, cuivrées et violonnées, de Harry Robinson, Arthur Greenslade, Mort Shuman ou Ivor Raymonde (arrangeur de Dusty Springfield et Richard Anthony), Kenny Lynch fut un des premiers artistes anglais de "northern soul", un mouvement plus qu'un style, centré sur quelques clubs du nord de l'Angleterre branchés sur la soul de Philadelphie, celle des Drifters en tête. Et d'ailleurs en 1963, son interprétation de "Up on the roof" (compo de Carole King et Goffin) grille la politesse dans les charts à l'original américain de ces même Drifters. Reconnaissant, il leur écrira "Follow me" en 1965.

Kenny Lynch interprète un répertoire en grande partie de sa composition, mais aborde aussi les reprises, de Bobby Goldsboro ("It's too late"), Mort Shuman ("Get out of my way", "Come on come on", "What am i to you"), s'aventure parfois vers la pop, sur une passerelle nommée Beatles (sa version de "Misery" parait même une semaine avant celles des quatre) mais c'est encore le couple Goffin & King qui lui va le mieux, "The world i used to know" et surtout "Stand by me" : il s'y affirme comme un grand chanteur, dense et plein de tripes, une version majeure digne de l'histoire du morceau.