The song remains the same (The soundtrack of the film) - Super Deluxe Boxset

Led Zeppelin

par Igor Wagner le 29/11/2018

Note: 7.5    

1973 : Led Zeppelin est au sommet de sa gloire, universellement catalogué plus grand groupe du monde et des environs (The Police et U2 prendront ensuite cette relève-là dans la presse mondiale). Mais quand on est au sommet, le risque est de dégringoler, et lors de cette tournée gigantesque - par le nombre de dates, la durée des shows, l'alcool ingurgité, les bringues perpétuelles, la débauche de moyens et d'effets - Le Zep prend les risques de passer du grandiose au ridicule des egos démesurés.

"The song remains the same" est un film voulu par Jimmy Page pour laisser une trace de la tournée de 73, mais capter un concert ne suffisant pas ou s'avérant trop banal, Page souhaita le parsemer de séquences filmées, sur chacun des membres, intégrées aux morceaux et censées les illustrer, avec l'obligation d'être délirants et psychédéliques. La production de ce film fut si compliqué (choix des morceaux au sein de prestations scéniques très moyennes, conflits sur les choix des scénarios à filmer, insatisfaction des premiers résultats, valse des réalisateurs...) que le film ne fut terminé et publié qu'en...1976.
Ce fut la fin de la tournée, en juillet 73, avec les trois soirs au Madison Square Garden de New York qui fut choisie. Par prudence, les trois furent filmés (et les musiciens prévenus d'avoir la même tenue de scène à chaque fois). La compilation donna un concert acceptable, Page disant même plus tard que ces concerts new-yorkais n'étaient pas leurs meilleures prestations, ni les pires, juste médiocres (sic). Cela n'empêcha pas le film d'être un bon succès commercial, comme le double Lp vinyle qui sortit parallèlement.

Le double album fut remixé et réédité en 2007 avec quelques ajouts, mais Rhino sort cette fois-ci le grand jeu avec une réédition Super Deluxe (4 Lp, 2 Dvd , 2 Cd), dans laquelle figurent le film (bonifié par nombre de footages, où le manager grande gueule Peter Grant tient la vedette) et les concerts, réintégrant des morceaux écartés en 1976.

"The song remains the same" restera pour toujours l'occasion ratée de garder une belle trace scénique de Led Zeppelin (heureusement, nous avons eu en 1997 les BBC Sessions). Les morceaux sont souvent beaucoup trop longs, "Dazed and confused" et ses 29 minutes (dont la moitié emmerdantes) sur une face entière de vinyle dans ce coffret, "Moby Dick" et son interminable solo de batterie... Les musiciens sont émoussés et concernant Robert Plant, il surjoue à l'extrême l'attitude sexuelle (proche d'une drag-queen parfois, voire quasi porno) et surtout, où sont passés les quatre octaves qui faisaient sa force ? Le constat est parfois flagrant, "Rock and roll", "Celebration day"...

Le nouveau mixage offre cependant un son meilleur et plus puissant ("The song remains the same") et les meilleurs moments historiques y trouvent une nouvelle vigueur, ainsi "The rain song", bien meilleur que sa version originelle studio sur "Houses of the Holy", "No quarter" autre bon moment - mellotron de John Paul Jones très présent - et l'inévitable scie "Stairway to Heaven", que chacun à New York attend et qui ne déçoit pas, même si Plant y est parfois agaçant et Page un peu expéditif. Revoir le film permet de trouver le temps un peu moins long sur les morceaux qui s'étirent, et on peut alors s'amuser à posteriori des thématiques des petites séquences filmées, souvent axées sur une heroic fantasy au premier degré : Page en ermite ("Stairway to Heaven"), le preux chevalier John Paul Jones sauvant sa dulcinée ("No quarter"), le viking Plant abordant une terre inconnue ("The song remains the same"), Peter Grant en Al Capone (Intro)...

Malgré ses défauts "The song remains the same" reste un témoignage. Cette magnifique réédition Rhino, avec Jimmy Page à la réalisation technique, comblera à l'évidence les amateurs de Led Zeppelin.




LED ZEPPELIN No quarter (Live 1973 Madison Square Garden NY)