| | | par Fabrice Boudin le 17/02/2010
| Morceaux qui Tuent Caroline says Sad song Men of good fortune The bed
| |
| Attention, mieux vaut prévenir : "Berlin" est un
des albums les plus dépressifs qu'il soit, le genre à faire passer le plus
sombre des Nick Cave pour un album de joyeux drille. C’est une oeuvre d’autant plus sombre que sa noirceur réside
dans son propos et ses paroles mêmes, dans sa moelle en somme (le tout déguisé
sous une musique flamboyante, entre l’orchestration symphonique et le cabaret
poisseux…)
"Berlin", ce sont dix chansons, dix histoires de drogue et de sexe, de cris d'enfants, de femmes battues, de jeunes mères suicidées ou d'amour impossible et tourmenté avec une reine des siècles passés… Et puis "Berlin", c'est aussi un oeil sur le passé, la nostalgie des débuts. En témoigne cette volonté du New Yorkais de récupérer les ballades les plus enjouées du Velvet Underground pour les passer au spectre dépressif et drogué du Lou berlinois : "Stéphanie says" (remplacée par deux fois par la bien malheureuse "Caroline", dans "Caroline says" I et II), "Sad song", véritable suite désabusée de la première version du Velvet dans "Loaded".
Tout est propice, lors de l'écoute d'un tel disque, à une chute dans la neurasthénie. Mais malgré tout, l'espoir peut s'entrevoir dans le cri de révolte de "Men of good fortune", dans le riff et le solo final de "How do you think it feels", ou bien même dans les lamentations du mari de "The bed", la ballade la plus triste au monde. Et puis il y a aussi, tout au bout du tunnel, cette éclaircie, ce titre de conclusion "Sad song", où les déluges d'arpèges les disputent au chœur. Telle une ultime complainte portée vers l'espoir, une fin belle à pleurer, qui marque le dernier instant de gloire d'un Lou Reed qui n'aura pas eu cette fois-ci besoin du Bowie producteur pour aboutir à une merveille : il lui a suffit de quitter son indissociable New York pour aboutir à son œuvre la plus étérnelle... |
|
|