17 plombs pour péter les tubes

Ludwig von 88

par Fer Fre le 23/08/2003

Note: 5.0    
Morceaux qui Tuent
Je suis un évadé
Laissons entrer le soleil


Et si "17 plombs pour péter les tubes" était un peu le "Sandinista" des Ludwig, le genre de disque dont il faut bien 10 ans pour faire le tour, saisir le charme, se laisser envoûter ? Toute proportions gardées, non. Car là où Clash battait en brèche la notion de chapelle, nos Ludwig, suivant ce bel exemple, se fendent d'un opus de reprises aussi aventureux qu'inabouti, et le temps n'arrange dans ce cas rien à l'affaire. Certes, en ratissant large, d'Hervé Vilard aux Ramones, nos héros prouvent qu'ils sont larges d'oreille. En évitant le principal écueil de tel disque hommage - le repiquage note pour note - ils font montre d'une admirable créativité. Mais tout ça pour quoi ? Une analyse critique tend à démontrer que nos 88, s'ils optent pour un radical changement d'ambiance des morceaux, ont néanmoins tendance à les modifier selon un tramé rigoureux. D'obédience hispano-festive pour "La ganja" (ré-interprétation de "La bamba"), "We will rock you" de Queen, "Havana affair" des Ramones ou "Capri c'est fini" d'Hervé Vilard, ce son, sautillant, rythmé, annonce les futurs travaux à venir de celui qui ne s'appelait pas encore Sergent Garcia. Tirant vers le métal, il charge "Amoureux solitaires", l'hymne intemporel de Jacno pour Lio, "Boys" de la plantureuse Sabrina, certainement le morceau le plus célèbre de l'opus, "Libertine" de notre Mylène Farmer nationale, "Stairway to heaven" des Led Zep et "Houlala", d'eux-mêmes, de voix lourdes et de guitares presque agressives, mais pas trop. Le reste est confusion, ratage, pétard mouillé, le pire étant atteint sur "Come together" des Beatles revu façon orientale de la drogue. Pour autant, la production abrite quelques belles pièces. "Je suis un évadé" des Nuclear Device (?) reste un sommet, les 88 retrouvant une énergie juvénile dans cette sautillante chanson contestataire (n'est-ce pas leur "Police on my back" à eux ?). "Potemkine" de Jean Ferrat renoue avec une veine héroïque, la chanson originale s'y prêtant il est vrai bougrement. Même constat pour "Laissons entrer le soleil", épique œuvre des années hippies, où la révision clownesque est heureusement oubliée au vestiaire. Bref, un maxi aurait largement été suffisant.