Bring 'em in

Mando Diao

par Jérôme Florio le 07/06/2004

Note: 5.0    

En provenance de la vivace scène suédoise, Mando Diao existe depuis 1995 et sort son premier disque "Bring'em in" sur le label Mute – une signature presque atypique dans leur catalogue. C'est que personne ne veut louper le train en marche : maintenant que l'on voit des guitares partout, devenues symbole d'un nouveau conformisme, préparons-nous au retour de balancier.

Mando Diao (Björn Dixgärd , Daniel Häglund, Carl Johan Fogelklou, Samuel Giers) n'a pas d'identité propre, à tel point qu'il est presque décourageant de lister le tombereau d'influences qui viennent à l'esprit. Le vocabulaire est scolaire, avec les mots les plus universels qui soient ("band", "love", "boy", "lady"…). Que ce rock-là vienne de Suède, du Japon, ou des USA, quelle différence ? C'est maintenant un langage universel, avec ses encyclopédies, ses recettes. Un goût uniformisé à la sauce MTV, sur laquelle joue leur clip de "Sheepdog" en ce moment.

"Bring'em in" est fait de chansons dont on fait vite le tour, immédiatement confortables car elles ne recèlent aucune surprise, jouant au contraire de leur connivence avec l'auditeur. Une sorte de best-of de rock sixties, y compris le son de voix saturé et nasillard, les grosses giclées d'orgue farfisa. Le seul suspense est de se demander comment le refrain va succéder au couplet, est-ce que cela va nous surprendre encore une fois ? Et c'est bien là que ça coince : malgré toute notre bonne volonté d'écouter ce disque avec des oreilles vierges, impossible de ne pas voir les grosses ficelles. Pourquoi ne pas réécouter les Small Faces, Them ou les Animals ? A l'évidence, ces canailles dandys bien peignés de Mando Diao en ont disséqué et décortiqué tous les disques, en régurgitent les plans avec un savoir-faire qui se voudrait spontané.

"Mr Moon", "P.U.S.A.", "Little boy jr.", "Lady", "Bring'em in", pour efficaces qu'ils soient, ne présentent pas grand intérêt - après tout, on n'est pas à la Bourse, on n'a pas la religion de la rentabilité et du rendement. "Sheepdog" chasse sur les mêmes terres que le Jon Spencer Blues Explosion (voisins de label), ou The Cato Salsa Experience pour faire plus local. Le jerk secoué de "Paralyzed" tourne à vide, avec des breaks et un refrain banals : Björn Dixgärd peut bien s'arracher les cordes vocales comme il déchirerait sa chemise, on a du mal à y croire.

Toutefois, "Motown blood" et le boogie "Bring'em in" fonctionnent bien. Quand les intonations sont plus pop ("The band"), c'est mieux, la pose moins forcée. Le mid-tempo "Lauren's cathedral" qui finit le disque ne ressemble pas à grand-chose, mais là c'est plutôt un défaut.