Radio Bemba sound sound system

Manu Chao

par Fer Fre le 28/10/2002

Note: 3.0    

Votre serviteur a honnêtement été très déstabilisé en glissant ce disque dans le lecteur. Mince, les Gipsy King avaient-ils de nouveau publié un disque live enregistré au Japon ? Mais non, il s'agissait bien de Chao Manu. Sacré choc. Il allait donc falloir assassiner ce grand compositeur, cet homme simple, mignon et tout gentil qui a eu, et continue d'avoir, une ascendance folle sur la vie de millions de français, sans même parler de tout le continent Sud-Américain, les pays hispaniques et les 3/4 de la Pologne. Cette chronique revient un peu à tuer le père. En psychanalyse, tuer le père revient à acquérir sa liberté. Car il faut nous libérer de Chao Manu, notre père, ce brave garçon que ces faiseurs de mode tendent présentement à nous vendre comme un José Bové du folk. Libérons-nous de nos entraves, frère, et osons donc affirmer, face au tapis de bombes des classiques médias, le trouvant unanimement fameux (mais comment pourraient-ils faire autrement ?) que ce disque n'est pas... Mais revenons plus en arrière, à l'époque où mon perfecto me seyait bien, enveloppant de son cuir noir, troué de badges, mon corps non déformé de bourrelets graisseux. Je me souviens avec émoi de l'époque des alternatifs, mon Dieu, c'était il y a un siècle. J'adorais les Sheriff, les Ludwig, les Béru, les Parabellum, les Vierges, les Thugs, mais comme les autres, tous les autres, je succombais sous le charme évident des tuants Mano Negra, que j'ai eu la chance de voir en concert, Seigneur, c'était puissant, festif et généreux. Et maintenant, mon père écoute plus souvent que moi Chao Manu, il a aimé son premier disque solo, n'a pas écouté le second mais il paraît que c'est le même, et voilà que je suis en passe de lui fourguer ce live qui m'a été abandonné. Curieux live, au demeurant. Pourtant, le show, passant outre toute contingence financière, fera le bonheur des amateurs de P18, Sergent Garcia et toute la clique des big-band à trompettes groove. Son massif, 853 musiciens sur scène, des chœurs, sûrement des danseuses, des cracheurs de feu, tout ce beau monde entourant Chao Manu pour l'exécution de versions enflées, difformes, élargies aux forceps de ses émouvants standards. Une ambiance du tonnerre certes, mais mince, pas de trace perceptible d'émotion. Et pourtant, l'émotion suintait par litres entiers sur le “Clandestino” l'ayant rendu célèbre de part le monde. Bien sûr, il faut maintenant contenter les fans, se produire dans des stades. La nouvelle idole sur-joue, sur demande de ses admirateurs. Comment lui en vouloir ? Comment même faire autrement ? Alors, attendons un hypothétique concert acoustique pour nous régaler. Mais de guitare sèche, de voix râpée, de mélodies pures, de partage personnalisé, vous n'en entendrez guère ici. Chao Manu est victime de son succès, tant pis. Tuer le père, tu parles... Je me démène à lui trouver des excuses, oui. On ne peut pas faire confiance à sa famille, vraiment... http://www.manuchao.net/