A summer tamarind

Martin Newell

par Jérôme Florio le 17/10/2007

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Mulberry harbour
Dawn smile
You made it rain


Qui en Angleterre peut prétendre au titre de "greatest living englishman" ? Sir Paul McCartney ? Ray Davies ? Martin Newell vient reprendre le titre qu'il s'était ironiquement auto-décerné sur son disque produit en 1994 par Andy Partridge (XTC) – son plus gros succès commercial à ce jour.

Cela fait trente ans que Martin Newell fait de la musique : régulièrement dépité par les rouages de l'industrie, il n'a pas hésité à tout plaquer pour aller tâter du jardinage et de la poésie (il a été régulièrement publié dans le journal "The independent"). On a connu des plans de carrière mieux pensés. Il a fallu de la persuasion et de l'envie retrouvée pour que Martin daigne laisser tomber le sécateur pour reprendre sa guitare – pas n'importe laquelle, une Rickenbaker au beau son clair si caractéristique, qui rappelle ici davantage les Beatles que REM (trop américains).

"A summer tamarind" est un concentré d'anglitude. A l'heure où le rock est partout (pub, mode), donc nulle part, un dinosaure pop comme Martin Newell fait anachronique avec ses mélodies à l'ancienne et son humour "tongue-in-cheek". Volontiers baguenaudeuse, sa musique a le parfum des petites villes anglaises qu'il affectionne ("Stella and Charlie got married", "Mulberry harbour"). Dans les années 80, avec son groupe The Lizards, il a même fait une tournée anglaise à vélo (influence majeure pour François Bayrou, avec son bus au colza de la présidentielle 2002 ?). On est en présence d'une tradition pop proche des Kinks, côté jardin anglais à la "Sunny afternoon" (la pochade "Wow ! Look at that old man", "A summer tamarind"). Newell sait aussi laiser tomber la causticité, pour se tendre et proposer seul une pure chanson rock et romantique (les très réussies "You made it rain", "Dawn smile" pour finir. On repense à Kevin Hewick, un autre loser magnifique). C'est aussi un air de psychédélisme british (genre Pink Floyd post-Syd Barrett) qui souffle sur "Another sunny day".

Parmi les plus jeunes, c'est davantage le sinistrement méconnu John Cunningham plutôt que les faiseurs Kooks qui prolongent l'héritage. On imagine que Martin Newell fait pousser les mélodies avec le même soin qu'il s'occupe de son potager, d'une main légère et qui connaît son métier.