One voice many

Michaelangelo

par Damien Berdot le 11/05/2010

Note: 7.9    
Morceaux qui Tuent
Son
This bird

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Les amateurs de musique en quête de nouvelles sonorités pourront trouver de quoi se satisfaire dans ce singulier (et unique) album de Michaelangelo, paru initialement chez Columbia, et réédité par les soins de Rev-Ola. Le mystérieux groupe new-yorkais Michaelangelo faisait certes du folk-rock en 1971 comme d'autres en faisaient dans les années 60 (les habillements hippie sur la pochette ne sont pas anodins !), mais il comprenait, outre trois musiciens assez typiques de ce genre musical (un guitariste, un bassiste, un batteur, les deux premiers étant aptes à chanter), la chanteuse et joueuse d'autoharpe (et songwriter !) Angel Peterson. Cette dernière s'était renommée pour l'occasion Angel Autoharp et avait laissé préciser dans les crédits de l'album qu'elle était "leader" du groupe ! Ainsi, pas de méprise possible : c'est bien l'autoharpe, cet instrument à cordes originaire des Appalaches, qui donne sa coloration unique à "One voice many".
 
Différentes combinaisons instrumentales et vocales sont cependant utilisées, ce qui donne à l'album un spectre assez large. Ainsi, "West", chantée en choeur à la façon du country-rock hippie, évoque les grands espaces américains : "going to the sunset". On pense un peu à Moby Grape, d'autant que le guitariste Steve Bohn livre des parties lead d'une fluidité peter-millerienne. "This bird", chantée d'abord par Angel (mais des choeurs flottants viennent bientôt la renforcer), est une ballade lumineuse, qui ne trahit pas son titre. "Okay", c'est de la pop saccharinée qui s'assume - au grand plaisir de l'auditeur - et ça n'aurait pas déparé sur un album des Mamas & Papas. Idem pour "It's crying outside", même si la pureté générique y est moindre, du fait de l'inclusion de (beaux) solos à deux guitares façon country. Plus étonnantes sans doute : "Son (we've kept the room just the way you left it)" et la chanson-titre. La première est chantée d'une voix impassible, à la lisière du talk-over, par Steve Bohn. Les paroles tranchent dans le contexte sucré de l'album : il s'agit de la lettre écrite par un père à son fils pour le mettre en garde contre la cocaïne ! Et la guitare lead, qui se déploie en volutes par-dessus une section rythmique efficace, est à l'avenant. "One voice many" est chantée alternativement par Steve Bohn puis par Angel, avec des développements invraisemblables (le chant brumeux couplé à la batterie qui explose). Chanson intéressante, qui pâtit de quelques surcharges.
 
Enfin, l'album intègre quatre instrumentaux qui l'éloignent de toute musique identifiée. L'autoharpe y est utilisée harmoniquement (enchaînant les accords), ce qui laisse de l'espace à la guitare solo de Bohn, par exemple dans "Come to me", ou mélodiquement : ainsi dans le medley "Take it Bach" / "Michaelangelo", où les lignes instrumentales jouent au chat et à la souris à la manière bachienne (bacchique ?). Le lecteur l'aura deviné au vu du jeu de mots du titre... Etrangement, Columbia choisira deux instrumentaux pour le single, ce qui donnera une idée tout à fait tronquée de la musique de Michaelangelo. De plus, alors que "300 watt music box" a des qualités atmosphériques certaines (les sons de l'orchestre et de la guitare s'y mêlent à ceux de l'autoharpe pour dessiner une féerie ininterrompue), "Half a tap" apparaît franchement superfétatoire. Conséquence : l'album passera inaperçu et Michaelangelo se séparera sans lui donner de suite.