On the corner

Miles Davis

par Francois Branchon le 16/09/1999

Note: 8.0    

A sa sortie, "On the corner" affola encore un peu plus qu'à l'habitude la critique américaine, qui alla jusqu'à parler de "suicide musical" ! Lorsque Miles enregistre ce disque, il est malade et manque de souffle, raison pour laquelle on l'entend assez peu. Mais c'est aussi sur le plan "musical" qu'il souffre : il parle d'abandonner le jazz, rejoindre le label Tamla Motown et ne plus vouloir se consacrer qu'à la musique noire. "On the corner" est à l'image de ce malaise : c'est un disque "noir", se réclamant de la soul, dont les rythmiques sont fiévreuses, et qui de bout en bout incite le corps à la sensualité la plus échevelée. Le "jazz" au sens classique est effectivement loin et la musique de Miles se superpose alors presque avec celle de Sly & The Family Stone. Pas de nom de musiciens sur la pochette : encore une volonté de Davis, d'emmerder les critiques et de mettre en avant, par exemple le rythme et non le batteur. Un disque qui flambe, grouille de sons divers, fourmille de percussions, utilise toute une armada d'instruments (acoustiques, électriques, sitars, tablas...) et d'effets (pédales de toutes sortes, feedback, reverb...), un hymne au peuple noir et à sa musique populaire. Un album de rupture avec l'esthétique jazz, prolongement de "Bitches brew" mais sans sa luminosité qui sert de guide : alors attention de ne pas se faire larguer en route !