Everybody knows this is nowhere

Neil Young

par Francois Branchon le 04/02/2001

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
Down by the river
Cowgirl in the sand
Cinnamon girl
Running dry


Bien que Neil Young se soit déjà fait remarquer dès 1967 pour les perles composées avec son groupe Buffalo Springfield ("Mr soul", "Expecting to fly", "Broken arrow"...), son premier album solo ("Neil Young") en 1969 est un flop. Production mal maîtrisée et manquant singulièrement de lumière. Il ne lui faut que quatre mois pour lui donner une suite et redresser spectaculairement la barre : il recrute les Rockets, un garage band californien, les rebaptise Crazy Horse et avec eux, en l'espace de quinze jours (et autant de nuits) accouche de son chef d'oeuvre absolu "Everybody knows this is nowhere".

Cet album contient le graal, la formule d'une fabuleuse alchimie qui débute dès la première seconde de "Cinnamon girl", morceau rock à l'état pur qui sonnait en 1969 comme jamais rien d'autre entendu auparavant, une combinaison de guitares sciant l'espace d'aller-retours aigus et de vocaux doux et posés. "Cinnamon girl" forme, avec "Cowgirl in the sand" et "Down by the river", le coeur de l'album, un triangle des Bermudes musical où il était (et il est toujours) extrêmement difficile de sauver sa peau, morceaux-cartes de visite définitives, immuablement jouées en concert depuis, et gravures dans le marbre du son Neil Young. Et quel son ! Ample, spatial, improvisé mais sans indulgence.

Ouvertement rock mais puisant sa sève dans des racines folk et country, "Everybody knows this is nowhere" ne compte aucun temps mort. Le paisible et obscur "Round and round" (repris par OP8 en 1997 sur son album "Slush"), "The losing end" qui revisite la face folky du premier album et cet incroyable, unique et magnifique "Running dry", complainte poignante et désespérée, chemin de croix musical tendu sur une guitare en réverb et un violon frôlant parfois l'hyper-aigu. Bouleversant. Mais, si après la dernière note de "Cowgirl in the sand", le désir de réécouter est si pressant, c'est qu'il est impossible de se dégager de ces omniprésentes guitares (Neil Young et Danny Whitten) aux solos frits dans l'acide, qui rendent accro, fou, comme une bonne partie de ces jeunes groupes indés qui n'ont depuis cessé d'y revenir.

"Everybody knows this is nowhere" fut le premier rejeton du couple Neil Young/Crazy Horse. Plus de trente ans plus tard, les parents (toujours ensemble) et le jeune homme ne craignent personne.



NEIL YOUNG Cinnamon girl (Audio seul)



NEIL YOUNG Running dry (Audio seul)