Rust never sleeps

Neil Young

par Vincent Glad le 18/08/2004

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Hey hey my my
Powderfinger
Trasher
Sedan delivery


En 1978, le rock est contesté par des sales jeunes bardés d’épingles qui brûleraient bien leurs aînés. Le punk, ça fait peur à tout le monde et ce n’est pas Pink Floyd qui se dévouerait pour aller au fourneau. De la vieille classe, seul Neil Young va comprendre l’importance et l’urgence du mouvement. Le Canadien prend alors ses guitares et son groupe sous le bras, part sillonner les Etats-Unis et tord le cou à sa réputation de baba cool.

C’est dans le même élan qu’il compose "Rust never sleeps", aujourd’hui considéré comme un de ses grands classiques. Un album historique même, symptomatique d’une époque. Deux faces, deux ambiances. Une face folk, "à la Neil Young" tout simplement. Toute en perfection épurée. Et une autre, résolument punk où le Canadien paye son tribut aux Sex Pistols. Le loner réalise ainsi le crossover parfait entre deux époques, entre les vieux rockers et les jeunes punks. Ce qui lui assure, fait rare, une crédibilité des deux côtés.

Que dire des chansons ? Sinon qu’elles sont toutes des réussites. Et que l’ensemble pourtant dichotomique est d’une remarquable cohérence. Sortent néanmoins du lot la paranoïaque "Powderfinger", la mélancolique "Trasher" ou encore l’énervée "Sedan delivery". Et bien sûr la plus célèbre de tous, "Hey hey my my". En version dédoublée au début et à la fin du disque (respectivement sous-titrée "Out of the blue" et "Into the black").

"Out of the blue". "Into the black". Telle est la morale de l’histoire. "Hey hey my my" est donc une chanson schizophrène qui ouvre et ferme l’album mais aussi qui referme une page du rock. Un hommage émouvant à Johnny Rotten, leader des Sex Pistols. Tout autant qu’un plaidoyer pour le progressisme musical : "It’s better to burn out than to fade away" (il vaut mieux s’éteindre que dépérir). Place aux jeunes. Car la rouille, insidieuse et machiavélique, démange les vieux héros. Plus de vingt-cinq ans plus tard, Neil Young s’est de toute évidence trompé, ses genoux tiennent encore la route… En revanche, aujourd’hui, personne ne lui reprochera son prophétique "Rock and roll can never die". Gravé dans les tablettes du rock.