Trio->live

Pat Metheny

par Nicolas Bremaud le 29/12/2000

Note: 8.0    

Apres "Trio 99-00" enregistré en studio, revoici Pat Metheny en compagnie de Larry Grenadier à la contrebasse et Bill Stewart à la batterie, cette fois-ci pour un double Cd enregistré live au cours d'une tournée quasi-mondiale. Ce nouvel opus permet d'embrasser d'un seul coup d'oreille les vastes étendues artistiques couvertes par les trois musiciens. Alors que le précédent disque ne s'écartait pas des frontières d'une certaine orthodoxie jazz - ce qui n'enlevait rien à sa réussite - celui-ci réserve quelques brillantes surprises. La première étape du voyage ne dépayse pas trop puisqu'il s'agit de "Bright size life", un classique du répertoire de Metheny. La suivante en revanche nous emmène assez loin. En effet, après 9 minutes de "Question and answer" (un autre classique), nos trois voyageurs que l'on croyait parvenus à un sommet, se lancent alors dans une coda ébouriffante de 10 minutes qui plonge les autochtones attroupés, dans une transe impressionnante dont témoignent les "Woouuuhh !" capturés par les microphones. Le Trio se dirige ensuite à pas de géants, "Giant steps" de Coltrane, vers une contrée propice à la rêverie où Pat Metheny interprète un "Into the dream" délicatement planant à la guitare à 42 cordes (!) pendant que ses compagnons piquent un petit somme. Tout au long de leur voyage nos globe-trotters se ménageront quelques pauses dans de douces plaines pour jouer de magnifiques ballades (vous vous arrêterez notamment à "Unity village") qui mettent en valeur le merveilleux sens mélodique du guitariste. C'est après la plus paisible d'entre elles, alors que l'on croyait nos explorateurs définitivement hors de danger, que vient la plus stupéfiante surprise. Avec "Faith Healer", ils semblent aborder une région inconnue habitée par des sauvages, à moins qu'il ne s'agisse d'une civilisation extrêmement en avance sur la notre. Quoi qu'il en soit, cette "musique" (j'hésite à employer ce mot tant il me paraît que nos catégories habituelles permettent difficilement d'appréhender une chose aussi étrange) déployant pendant plus de 18 minutes d'effrayants contrastes de dynamiques et livrant à nos pauvres oreilles des sons que l'on dirait venus des entrailles d'un monstre gigantesque, présente un indéniable intérêt, ne serait-ce que documentaire, dans la mesure où il donne une idée de ce que d'audacieux esprits peuvent concevoir. Après cela, les aventuriers reviennent au pays, sales et en haillons, mais heureux, pour s'envoyer un "Counting Texas" fleurant bon la sueur et la poussière, où Metheny s'en donne à coeur joie sur une guitare un peu déglinguée (En fait, une fretless à 12 cordes conçue spécialement pour lui).